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the frenchbooklover - Page 87

  • Pas son genre, un film qui est tout à fait mon genre

    Pas son genre

    un film de Lucas Belvaux

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    Clément vient juste de se séparer de sa dernière compagne. Après un café aux Deux Magots, ce professeur de philosophie rentre chez lui et découvre avec horreur son affectation à Arras. Pour ce pur produit du Parisianisme, cette nouvelle sonne comme une sanction.

    Au même moment, à Arras, Jennifer, mère célibataire, se prépare à passer une journée comme les autres, entre son travail dans un salon de coiffure et les instants qu'elle partage avec son fils.

    A priori, rien ne prédispose donc ce féru de littérature, de philosophie, de Rive gauche et cette coiffeuse, chanteuse de karaoké à ces heures perdues, fan de Jennifer Aniston et de romans populaires à se rencontrer. Et pourtant, le destin frappe à la porte...

    Mais peut-on s'aimer, malgré les différences de classe sociale et de références culturelles?

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    J'avais remarqué ce film à sa sortie. Et, malheureusement, je l'avais raté. Récemment, ma copinaute Camille du très bon blog Vive la rose et le lilas m'en a reparlé et a réactivé mon envie de le visionner.

    Dès les premières images, Lucas Belvaux nous plonge dans le cœur de son film. Des séquences parallèles s'intéressent aux deux héros: tantôt on suit le quotidien de Clément, tantôt celui de Jennifer. Deux quotidiens aux antipodes. Deux personnes a priori radicalement différentes tant par leurs intérêts que par leurs habitudes.

    Cependant, Clément, par le jeu des affectations, se voit contraint de s'installer trois jours par semaine à Arras, "une ville où on ne vit pas mais où on meurt", comme le lui annonce sa collègue de philosophie.

    Un soir, il décide d'aller se faire couper les cheveux et se retrouve servi par Jennifer. Forcément, on guette l'étincelle... Il repart comme si de rien n'était. Dans la rue, il s'arrête, comme mu par une soudaine impulsion qu'il préfère ignorer.

    Quelques jours plus tard, il revient. Premiers échanges dans l'Irish Pub de la Grande Place. Aussitôt, des obstacles à cette possible relation apparaissent, justement soulignés par Jennifer.

    Et pourtant, de séances de cinéma en retrouvailles dans des cafés, une liaison amoureuse se noue. Chacun essaie de trouver de l’intérêt dans ce qu'apprécie l'autre.

    Comme Jennifer, on pourrait croire au conte de fées. Et si chacun bousculait l'autre dans ses idées et ses retranchements?

    Mais voilà, dans cette histoire, le prince charmant semble peut-être trop lâche et phobique de l'engagement, la princesse sans doute trop impatiente...

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    Autour de cette question de l'amour plus fort que tout, Lucas Belvaux parvient à tisser une trame très intéressante et tout en finesse. Sans jamais sombrer dans le manichéisme ou enfermer ses personnages dans des stéréotypes. Au contraire, il leur apporte une certaine profondeur et montre qu'on peut parfois échapper au déterminisme de la naissance ou du milieu et qu'on parvient parfois à être plus que le rôle assigné ou attendu par la société.

    Dans les rôles de Clément et de Jennifer, Loïc Corbery et Emilie Dequenne se révèlent parfaits. On croit à leurs personnages, à leur relation, à leur alchimie, à leurs dissensions...Tour à tour, ils m'ont émue, amusée, bouleversée, énervée...Et la réussite de ce film repose en grande partie sur eux.

    De même, Pas son genre offre quelques très belles scènes: celle du karaoké où certaines barrières se brisent chez Clément, celle de la plage ou encore celle du carnaval d'Arras...

    J'ai été également particulièrement sensible à toutes ces séquences où chacun des protagonistes tente de faire entrer l'autre dans son monde. Que ce soit par des séances de lecture de classiques (ah! la voix de Loïc Corbery!) ou par des chansons populaires (très jolie reprise de Il était une fois).

    Bref, vous l'aurez compris: un long métrage à la fois romantique, dramatique, pétillant, sensible, émouvant...et qui fait passer un bon moment.


     

     

     

     

     

     

  • Le retour du Capitaine Emmett

    Le retour du capitaine Emmett

    de

    Elizabeth Speller

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    "Ils se rassemblèrent dans l'obscurité bien avant l'arrivée du train dans la petite gare. Surtout des femmes: de jeunes mamans serrant des nourrissons bien emmaillotés, des vieilles emmitouflées dans des châles, des mères de famille d'âge mûr en manteau noir, accompagnées de grands enfants. Des hommes aussi, évidemment, certains tenant déjà leur chapeau à la main d'un air emprunté, et un petit groupe de soldats qui stationnait à une extrémité du quai près du chef de gare barbu. Les hommes étaient néanmoins surpassés en nombre par les femmes, comme c'était toujours le cas désormais."

    Un matin d'août 1921, l'ancien officier Laurence Bartram reçoit une lettre de Mary Emmett, la sœur d'un de ses camarades d'enfance. Elle souhaiterait qu'il enquête sur la mort de ce dernier car elle ne croit pas à la théorie officielle du suicide.

    En mémoire de son ami et en souvenir de l'attirance qu'il entretenait jadis pour Mary, Laurence accepte de relever le défi. Plusieurs pistes se présentent à lui et très vite, il se retrouve à interroger les personnes couchées sur le testament, tout comme les résidents et le personnel médical de l’hôpital psychiatrique où John était entré.

    Mais il n'est pas le seul à mener des investigations...Quelqu'un le suit ou le précède et certains témoins clés tendent à disparaître.

    Et si le capitaine Emmett avait succombé à une vengeance? Qui pourrait en être l'auteur? Et pour quelles raisons?

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    J'avais remarqué depuis sa sortie ce roman en raison de sa très belle couverture. Et puis, récemment, je l'ai revu passer à la banque de prêt de la médiathèque où je travaille et j'ai cédé à la tentation.

    Le héros, Laurence Bartram, est sorti avec les honneurs de la Grande Guerre. Mais il a perdu sa femme et son fils pendant ce conflit. Tournant le dos à son ancienne vie, il s'est donc installé à Londres et a entamé la rédaction d'un ouvrage sur l'histoire des églises.

    Deux ans plus tard, ce train-train monotone est perturbé par l'arrivée d'une lettre. Une lettre d'une femme qu'il admirait pendant sa jeunesse et qui lui réclame de l'aide. Il accepte et se retrouve embarqué dans une dangereuse mission.

    Dangereuse à maints égards car il n'est jamais évident de déterrer les secrets du passé. Personne ne sait jamais quelles conséquences un tel acte peut avoir et Laurence va souvent l'apprendre à ses dépens. Surtout qu'un meurtrier semble accompagner voire précéder chacun de ses pas...

    En effet, l'intrigue prend vite un tour policier. A l'enquête sur un éventuel suicide se superpose celle sur des morts de plus en plus mystérieuses et dont les victimes paraissent avoir un lien.

    On se perd dans les méandres de cette affaire et je dois avouer que je ne me doutais pas du tout de la solution.

    De même, ce roman aborde la question des blessures du passé et du traumatisme de la guerre. Traumatisme des survivants. Traumatisme de ceux de l'arrière qui retrouvent les leurs changés par ce qu'ils ont vécu dans les tranchées. Traumatisme de certains actes...

    Tous les protagonistes masculins qu'on croise au fil des chapitres, ont perdu quelque chose d'eux pendant ces quatre terribles années. Et l'auteur parvient, sans jamais sombrer dans le didactisme, à montrer toutes les blessures suscitées par ce conflit. Jusqu'à la folie...Cette dimension psychologique m'a vivement intéressée et je l'ai trouvée très bien traitée.

    En revanche, j'ai regretté que la dimension amoureuse ne soit pas plus traitée dans cet ouvrage. Sans doute ai-je été induite en erreur par cette couverture avec une femme en train d'attendre des lettres. Certes, une intrigue se dessine entre notre héros et Mary. Mais elle n'occupe malheureusement que peu de pages...C'est dommage d'avoir fait ce choix narratif car je crois que le Retour du capitaine Emmet aurait gagné en souffle romanesque.

    Bref, vous l'aurez compris: un livre intéressant tant du point de vue de son intrigue policière que de sa réflexion sur l'après-Guerre mais qui a manqué d'un petit quelque chose pour complètement m'embarquer...

    Belfond, 2013, 379 pages

    Billet dans le cadre du Challenge Première Guerre mondiale que j'organise

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  • Ces instants-là d'Herbjorg Wassmo

    Ces instants-là

    d'

    Herbjorg Wassmo

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    "Elle glisse en arrière vers ce qu'elle ne sait pas.

    La rosée du soir s'élève des tourbières et du lac. Comme un souffle étranger. Rend tout irréel. Se dépose sur les tolets quand elle rame. La friction des avirons se fait lointain soupir."

    Voici le récit d'une vie. Celle d'une femme définie par ce pronom "elle" sans entrer dans plus de détails. Un "elle" qui grandit dans le nord de la Norvège, entre une mère qui la fuit sans cesse et un père qui la détruit.

    Un "elle" qui aime, qui se cherche, qui se bat pour son autonomie et son droit à un bonheur qu'"elle"aura choisi...

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    Dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire proposés par Price Minister, j'ai choisi ce roman.

    Parce que j'avais entendu beaucoup de bien de cet auteur (je comptais notamment découvrir un jour Le livre de Dina)

    Parce ce que, pour l'instant, à l'exception du Mec de la tombe d'à côté de Katerina Mazetti, mes rencontres avec la littérature nordique se sont toujours soldées par des échecs.

    Je dois confesser que j'ai été quelque peu désarçonnée par les premières pages. On suit le destin d'une jeune fille. Une jeune fille dont le prénom n'est jamais cité. Pas plus que celui de son père, de sa mère, de son premier amour...Comme si le choix de ne pas identifier donnait une certaine universalité à l'histoire qui nous est contée.

    Mais ce parti pris narratif atypique m'a empêchée au début de me rapprocher. Ou de ressentir une certaine empathie pour cette héroïne. Comme s'il la tenait à distance.

    De même, le rythme des phrases, souvent très courtes, m'a décontenancée. La simplicité intrinsèque de ce style le rend plus prosaïque, moins propre à générer des images...Au contraire, j' aime quand les mots prennent leur temps, résonnent en moi et là, ils n'ont jamais eu cet effet.

    Cependant, je dois reconnaître qu'au fil des chapitres, je suis plus entrée dans l'intrigue et j'ai plus accroché à ce destin. En effet, la qualité de cet ouvrage réside principalement dans le portrait de femme qu'il propose. Forcément, on s'attache à cette héroïne qui se bat sans cesse, qui fait des choix, qui se cherche, qui se perd aussi dans sa quête de liberté et d'indépendance...

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman sans doute inspiré par l'auteur par ses propre instants de vie m'a intéressée mais m'a aussi souvent laissée de côté en raison de son style et de l'absence de prénoms ou de caractéristiques physiques.

    Gaïa, 2014, 398 pages, 24 €

     

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