Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

the frenchbooklover - Page 89

  • Swing à Berlin

    Swing à Berlin

    de

    Christophe Lambert

    swing à Berlin.jpg

    "Berlin, 1936,

    Wilhelm Dussander terminait son solo au piano quand il vit les hommes en noir entrer dans le club. Ils étaient cinq, vêtus de gabardines, avec casquettes et chapeaux enfoncés jusqu'aux sourcils. Ils conversaient entre eux en inspectant les lieux du regard. Tous portaient le sinistre brassard de la SS."

    A Berlin, en 1936, certains membres du groupe de jazz, les Musician Harmonists, sont arrêtés en raison de leurs opinions politiques ou de leur judaïcité.

    Puis, l'action se déplace en 1942, toujours dans la capitale allemande. Afin de soutenir le moral de la population, Goebbels a décidé de diffuser de nouveaux programmes "qui feront la part belle aux "musiques de danse fortement rythmées" mais dans un esprit typiquement germanique".

    Pour accomplir cette mission, il recrute Wilhelm Dussander qui a jadis appartenu aux Musician Harmonists. Cet ancien jazzman se voit donc contraint de sillonner le pays entier à la recherche de jeunes talents susceptibles d'interpréter de "la musique de danse fortement rythmée".

    Mais, même s'il a toujours refusé de se mêler de politique, pourra t-'il conserver son indépendance et ne pas se laisser influencer par tout ce qu'il découvre, au fil des castings, des répétitions et des concerts?

     

    goldene sieben.jpg

    Les Goldene Sieben

    J'avais entendu du bien de ce roman sur la blogosphère. De même, Claire, une de mes collègues, l'avait lu et beaucoup apprécié. Aussi, je n'ai pas hésité longtemps avant de me lancer et j'ai dévoré cet ouvrage.

    Pour l'écrire, Christophe Lambert s'est fortement documenté sur la période et s'est inspiré des Goebbels bands (tels que les Goldene Sieben) mais aussi de récits biographiques.

    J'ai été immédiatement bluffée par le prologue. Un groupe de jazz est en train de jouer dans un club et quelques SS entrent dans la salle et en bloquent les issues. On sent la tension monter parmi les musiciens, surtout que certains d'entre eux peuvent être menacés par ces soldats (en raison de leur religion ou de leur engagement politique). Malgré tout, comme si leur vie en dépendait, ils continuent leur morceau...Plus la peur les gagne, plus les fausses notes s'accumulent. Jusqu'à la fin et le début des affrontements. Un coup de feu est tiré et... fondu au noir. Le lecteur n'en saura pas plus sur le sort réservé aux Musician Harmonists.

    Après un bond dans le temps de six ans, on retrouve leur leader Wilhelm Dussander chargé d'une mission de formation d'un groupe de jazz (même si officiellement, le jazz est considéré comme de la musique "nègre", on lui demande de créer un groupe capable de jouer ce type de musique rebaptisée pour l'occasion). Accompagné d'un membre du parti, il sillonne ainsi le pays afin de dénicher de futurs talents.

    Une opération loin d'être facile, tant son niveau d'exigence est élevé. Ce qui engendre des difficultés avec son "censeur" (et quelques scènes très drôles)

    Finalement, quatre jeunes gens sont recrutés. Quatre profils différents: l'un vient de la rue, l'autre se révèle totalement embrigadé dans les jeunesses hitlériennes et fidèles aux idéaux aryens...

    Un peu à la manière du professeur du Cercle des poètes disparus, Wilhelm va les initier au jazz...Mais cette aventure pédagogique va forcément avoir des répercussions humaines. Petit à petit, ces jeunes gens s'ouvrent à une culture qu'ils ne connaissaient pas, se confient, se débarrassent de leurs préjugés, apprennent à réfléchir autrement, évoluent...

    De plus, leur changement rejaillit sur leur enseignant. Alors qu'il ne s'était encore engagé qu'une fois (et je vous laisse découvrir comment), il va se questionner sur son comportement citoyen.

    Et, alors qu'il considérait que la politique n'était pas l'affaire des musiciens, il va entrer progressivement en révolte. Révolte contre l'ordre établi. Révolte contre sa passivité. Révolte contre le sort réservé à ceux que les théories aryennes condamnent (les Juifs, les handicapés, les homosexuels...)

    Cette thématique de l'engagement de l'artiste et de l'entrée en résistance m'a vraiment passionnée.

    De même, j'ai beaucoup apprécié la description de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. A la suite des musiciens, on sillonne ce pays, on côtoie plusieurs cercles de la société, plusieurs écoles de pensée également... Des couloirs du Ministère de la Propagande à l'imprimerie de Sophie et Hans Scholl, il y a évidemment tout un monde que le lecteur est amené à observer. Cette radioscopie m'a rappelé celle dans Seul à Berlin d'Hans Fallada (un roman très fort que je vous recommande si vous ne le connaissez pas encore et que l'auteur Christophe Lambert évoque justement dans sa postface).

    J'aimerais également saluer l'écriture très cinématographique. Les scènes s'enchaînent, souvent fortes en émotions ou en tensions, et on est happés par le rythme. Et cette fin? Ah, cette fin, juste sublime, qui a failli me tirer quelques larmes...

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été transportée par ce livre. Et je ne suis pas passée loin du coup de cœur (je crois que j'aurais aimé qu'il soit un tout petit peu plus long).

    Bayard Jeunesse, 2012, 274 pages

    En bonus, voici un extrait musical des Goldene Sieben.


     

     

  • Marie-Antoinette, Carnet secret d'une Reine

    Marie-Antoinette

    Carnet secret d'une Reine

    de

    Benjamin Lacombe

    marie antoinette.jpg

    "Schönbrunn, 21 avril 1770,

    Règlement à lire tous les soirs

    Ce 21 avril, jour du départ. A votre réveil, vous ferez tout de suite, en vous levant, vos prières du matin à genoux et une petite lecture spirituelle, ne fût-ce même que d'un seul demi-quart d'heure, sans vous être occupée d'autre chose ou avoir parlé à personne d'autre"

    Dans Marie-Antoinette, Carnet secret d'une reine, Benjamin Lacombe nous fait entrer dans l'univers de cette souveraine à la fois tant admirée et tant décriée. Entremêlant véritables lettres et extraits d'un journal intime fictif, il nous conte son destin. Un destin qu'il décline en quatre chapitres: la fin de l'enfance, les affres de l'amour, le théâtre de la vie et une révolution. Autant d'étapes qui nous entraînent des couloirs de Schönnbrun à ceux de la Conciergerie.

    marie-antoinette-illustration.jpg

    Je crois déjà avoir eu l'occasion de vous parler de la passion que j'entretenais, petite fille, pour Marie-Antoinette. J'avais découvert cette reine pendant les célébrations du bicentenaire en 1989 (j'avais à l'époque 6 ans) et j'avais aussitôt manifesté l'envie d'en savoir plus. Au fil des années, j'avais ainsi parcouru diverses biographies, les mémoires de sa femme de chambre, celles de son coiffeur...

    Aussi, quand ce roman graphique est sorti en cette fin d'année, j'étais à la fois impatiente et anxieuse de le lire. Impatiente car je suis généralement très fan du travail de Benjamin Lacombe. Mais, en même temps, anxieuse car il s'attaquait à un des mythes de mon enfance.

    Alors, ce magnifique objet, je l'ai posé, reposé, tourné, retourné...Pour finalement céder à la tentation.

    D'emblée, on sent tout le travail d'investigation mené par l'auteur. Biographies, correspondance, mode de l'époque, tableaux, plans de Versailles et du Trianon...: tout semble avoir été disséqué par lui.

    Et, en quelques 96 pages, accompagné de l'historienne Cécile Berly, il nous livre sa vision de cette Reine.

    Forcément, il ne peut pas tout dire.

    Forcément, il demeure certaines zones d'ombre.

    Mais, par le choix des lettres et les extraits d'un journal intime inventé, il nous donne à voir l'essentiel.

    Au ton toujours juste, sensible et émouvant de ce carnet secret s'allie la richesse graphique. J'ai été bluffée par les peintures, aquarelles, crayonnés... qui emplissent cet ouvrage.

    Benjamin Lacombe invente, réinvente, détourne...Quel bouillonnement créatif! On admire, on observe, on cherche les références...alors que le destin tragique de Marie-Antoinette est en marche et que les tonalités se font de plus en plus sombres.

    escarpolette fragonard.jpg

    . L'escarpolette de Fragonard

    marie antoinette 2.jpg

    Et, celle de Benjamin Lacombe

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été totalement séduite par ce magnifique ouvrage illustré et je ne saurais que vous en recommander la lecture.

    coeur qui bat.gif

    Soleil Productions, collection Métamorphose, 2014, 96 pages, 24,95 €


     

     

     

     

     

  • Retrouvailles avec Agatha pour une partie de bridge fatale

    Cartes sur table

    de

    Agatha Christie

    cartes sur table.jpg

    "Mon cher Monsieur Poirot!

    La voix était douce et ronronnante-une voix sans aucune spontanéité, dont on se servait délibérément comme d'un instrument.

    Hercule Poirot se retourna.

    Il s'inclina.

    Il serra la main cérémonieusement tendue.

    Il avait dans l’œil une lueur inhabituelle. On aurait dit que cette rencontre imprévue éveillait en lui des sentiments qu'il avait rarement l'occasion d'éprouver."

    A une exposition sur des tabatières, Hercule Poirot croise Mr Shaitana, une connaissance. Ce dernier l'invite à un dîner un peu particulier où le détective aura l'occasion de partager son repas avec des criminels impunis.

    Mais rien ne se passe comme prévu et, à l'issue de l'événement, leur hôte est retrouvé poignardé dans son fauteuil. Quatre personnes seulement pourraient avoir commis ce crime pendant une partie de bridge dans la même pièce.

    Il va falloir toute la psychologie de Poirot, assisté du superintendant Battle et de la romancière Mrs Oliver pour démasquer le ou les coupables.

    agatha christie.jpg

    Cela faisait longtemps que je n'avais pas parcouru d'Agatha Christie et quand j'ai vu passer cet ouvrage à la médiathèque, j'ai eu envie de le découvrir.

    J'ai trouvé l'idée de départ originale. Imaginer cette réunion organisée par une sorte de Méphistophélès et qui a pour but de réunir les pièces de sa collection de meurtriers en présence d'autorités en matières criminelle (un policier, un détective, une auteure de romans policiers et un espion) s'est révélée plaisante.

    Surtout quand ce chat s'est amusé à tendre des pièges à ses souris. Mais l'une d'entre elle s'est transformée en tigre et a tué celui qui menaçait de la démasquer.

    Forcément, les quatre spécialistes du crime vont se lancer dans l'enquête. Une manière pour la romancière de mettre en avant quatre approches différentes.

    Forcément, dans ce travail d'investigation, se distinguent le célèbre détective et le superintendant. Le premier par ses raisonnements psychologiques et ses questions déconcertantes sur le bridge et sur le contenu du salon et le second par son approche plus rationnelle des faits.

    Néanmoins, on ne peut que saluer chaque intervention de Mrs Oliver. Une femme qui se prétend intuitive mais qui, pourtant, se lance dans des démarches qui tombent souvent à côté. Même si, quand ils mettent tous cartes sur tables, elle pourrait apporter des éléments capitaux...

    Le ressort humoristique que j'aime tant dans les œuvres d'Agatha Christie est donc assuré par ce personnage féminin haut en couleurs (une sorte de double exagéré de sa créatrice?). Malheureusement, Ariane n'apparaît finalement que dans peu de scènes et par conséquent, j'ai regretté l'absence de cet humour si british pendant la plupart des chapitres.

    En revanche, je dois saluer une nouvelle fois le talent déployé pour mener le lecteur de fausse piste en fausse piste. Je ne me doutais ni de la solution finale ni des rebondissements ultimes.

    Bref, vous l'aurez compris: un livre policier qui ne figure certes pas parmi les meilleurs de cet écrivain prolifique mais qui fait passer un moment plaisant à l'heure du thé.

    Le Livre de Poche, 220 pages

    Billet dans le cadre du Challenge Agatha Christie

    cartes sur table,agatha christie,livre de poche,hercule poirot,enquête policière