Ces instants-là
d'
Herbjorg Wassmo
"Elle glisse en arrière vers ce qu'elle ne sait pas.
La rosée du soir s'élève des tourbières et du lac. Comme un souffle étranger. Rend tout irréel. Se dépose sur les tolets quand elle rame. La friction des avirons se fait lointain soupir."
Voici le récit d'une vie. Celle d'une femme définie par ce pronom "elle" sans entrer dans plus de détails. Un "elle" qui grandit dans le nord de la Norvège, entre une mère qui la fuit sans cesse et un père qui la détruit.
Un "elle" qui aime, qui se cherche, qui se bat pour son autonomie et son droit à un bonheur qu'"elle"aura choisi...
Dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire proposés par Price Minister, j'ai choisi ce roman.
Parce que j'avais entendu beaucoup de bien de cet auteur (je comptais notamment découvrir un jour Le livre de Dina)
Parce ce que, pour l'instant, à l'exception du Mec de la tombe d'à côté de Katerina Mazetti, mes rencontres avec la littérature nordique se sont toujours soldées par des échecs.
Je dois confesser que j'ai été quelque peu désarçonnée par les premières pages. On suit le destin d'une jeune fille. Une jeune fille dont le prénom n'est jamais cité. Pas plus que celui de son père, de sa mère, de son premier amour...Comme si le choix de ne pas identifier donnait une certaine universalité à l'histoire qui nous est contée.
Mais ce parti pris narratif atypique m'a empêchée au début de me rapprocher. Ou de ressentir une certaine empathie pour cette héroïne. Comme s'il la tenait à distance.
De même, le rythme des phrases, souvent très courtes, m'a décontenancée. La simplicité intrinsèque de ce style le rend plus prosaïque, moins propre à générer des images...Au contraire, j' aime quand les mots prennent leur temps, résonnent en moi et là, ils n'ont jamais eu cet effet.
Cependant, je dois reconnaître qu'au fil des chapitres, je suis plus entrée dans l'intrigue et j'ai plus accroché à ce destin. En effet, la qualité de cet ouvrage réside principalement dans le portrait de femme qu'il propose. Forcément, on s'attache à cette héroïne qui se bat sans cesse, qui fait des choix, qui se cherche, qui se perd aussi dans sa quête de liberté et d'indépendance...
Bref, vous l'aurez compris: ce roman sans doute inspiré par l'auteur par ses propre instants de vie m'a intéressée mais m'a aussi souvent laissée de côté en raison de son style et de l'absence de prénoms ou de caractéristiques physiques.
Gaïa, 2014, 398 pages, 24 €