Petits meurtres à Mangle Street
de
M.R.C Kasabian
"Cela fait soixante ans que je connais Sidney Grice. A l'époque, il était encore assez jeune, même s'il n'en avait pas l'air, et déjà célèbre en Angleterre, mais il n'avait pas encore atteint la renommée internationale qu'une série de films hollywoodiens ridicules (et erronés) allait lui offrir.
Dans l'ensemble, c'était un personnage assez orgueilleux qui aimait les feux des projecteurs, mais il était capable de s'indigner de certaines des anecdotes scandaleuses qui circulaient à son sujet."
Après le décès de son père, March Middleton est contrainte d'abandonner sa maison et de partir à Londres s'installer chez le détective Sidney Grice, son parrain, qu'elle n'a encore jamais rencontré.
Très vite, ce dernier est sollicité pour le meurtre d'une jeune femme. En effet, sa mère entend prouver que son gendre n'est en rien coupable. Sidney Grice accepte de mener l'enquête, secondé par sa filleule.
Et s'ils avaient affaire à un des adversaires les plus retors de la carrière de Grice?
Ce roman m'a été offert par ma copinaute Bianca pour mon anniversaire (encore merci!). Et j'ai eu le plaisir de le lire en sa compagnie au début du mois de janvier.
Comme tout premier tome d'une série, l'auteur installe pour nous le décor et les personnages.
J'ai été ravie de faire la connaissance du duo Grice/Middleton. Bien entendu, on sent bien qu'il doit beaucoup au tandem Holmes/Watson. Comme le célèbre docteur, Middleton retrace les aventures d'un détective et l'aide à conduire ses investigations. De même, Grice paraît doué d'une intelligence hors normes, d'un pouvoir de déduction incroyable et d'une insensibilité assez marquée.
Mais, loin de se contenter d'être de pâles reflets des créations de Conan Doyle, Grice/Middleton possèdent aussi leurs propres caractéristiques, à la fois pittoresques et cocasses. Sidney Grice, avec son œil de verre et sa perruque chancelante, ne jure que par le thé et par le végétarisme. Quant à March Middleton, elle ne correspond en aucun cas aux canons de la femme idéale victorienne. Elle boit du gin en cachette ou dans un lieu secret avec quelques amies et adore accompagner son parrain dans les recoins les plus mal famés de la capitale, à la recherche d'éventuels indices.
On suit avec plaisir ces deux nouveaux alliés dans leur quête. L'occasion pour M.R.C Kasabian de nous faire visiter Londres à la fin du dix-neuvième siècle et de nous montrer les profondes disparités sociétales. Même si le tableau ne m'a pas semblé aussi abouti que sous la plume d'Anne Perry, je n'ai pas boudé mon plaisir.
En revanche, je suis plus circonspecte concernant l'intrigue policière. Autant j'ai trouvé qu'elle s'enlisait au moment du procès, autant j'ai jugé qu'elle s'emballait trop à la fin et que le dénouement paraissait trop télescopé. C'est dommage.
Je regrette également que l'auteur nous plonge à différentes reprises dans le passé de son héroïne, lorsqu'elle assistait son père, médecin militaire, en Inde. Même si cet élément nous fait mieux saisir l'atypisme de March Middleton, le ressort amoureux ne m'a pas convaincu. Et je me demande bien où il va mener dans la suite de la série...
Bref, vous l'aurez compris: malgré quelques bémols, j'ai passé un agréable moment en compagnie de ce duo d'enquêteurs et je lirai sans doute le second tome quand il sera publié.
Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et dans le cadre du challenge A year in England de Titine.
City Editions, 2015, 404 pages