Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

the frenchbooklover - Page 115

  • Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh

    Quatre soeurs

    de

    Malika Ferdjoukh

    quatre soeurs, malika ferdjoukh, l'école des loisirs, roman pour adolescents, coup de coeur, roman sur cinq soeurs

    "Parfois, Enid aurait préféré avoir un peu moins de soeurs.

    -Deux m'auraient suffi, confia-t-elle à Gulliver Doniphon qui partageait avec elle la banquette du car scolaire.

    Gulliver se pinça la paupière gauche, examina avec tendresse son pouce où trois cils venaient de rendre l'âme:

    -Si tu n'avais que deux soeurs, tu choisirais qui?

    Enid se pencha pour contempler, très intéressée elle aussi les cils défunts de Gulliver

    -J'en sais rien. J'ai pas dit que je choisirais.

    -Quatre moins deux égale deux. Si deux suffisent, celles qui restent sont à mettre à la poubelle."

    Depuis la mort de leurs parents dans un accident de voiture dix-neuf mois auparavant, les cinq sœurs Verdelaine habitent toutes seules dans la maison familiale.

    Et c'est leur quotidien qu'on va suivre sur quatre saisons. Une année pour apprendre tout de leurs joies, de leurs peines, de leurs espoirs, de leurs amours...

    quatre soeurs, malika ferdjoukh, l'école des loisirs, roman pour adolescents, coup de coeur, roman sur cinq soeurs

    Cela faisait longtemps que j'avais entendu parler de la série des Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh. Et, malgré les très bons échos que j'en avais eus, je n'avais jamais franchi le pas. Heureusement j'ai réparé cette erreur samedi soir et j'ai passé un merveilleux week-end en compagnie de cet ouvrage.

    J'ai été tout de suite happée par l'univers imaginé par la romancière.

    Cinq jeunes filles de 9 à 23 ans habitent dans une maison: la Vill' Hervé, au bout du bout de la lande.

    "La Vill' Hervé était une grosse chose en granit brun et beige, avec des lucarnes aux frontons, une tourelle dodue à l'arrière qui cachait un escalier à vis, de petites niches à pigeons en bordure des toits"

    Parmi ces cinq personnages principaux (qui m'ont rappelé un roman que j'adore: les Quatre filles du docteur March), on retrouve:

    -Charlie, l'aînée de 23 ans qui a abandonné ses études suite au décès de ses parents et s'occupe de ses sœurs. Elle gère les comptes, s'improvise cuisinière ou bricoleuse (avec plus ou moins de succès dans ses tentatives)

    -Geneviève, la cadette de 16 ans qui se retrouve en charge de l'intendance de la demeure et suit en secret des cours de boxe thaï

    -Bettina, la vamp de 13 ans 1/2 qui passe des heures devant les magasines de filles ou dans la salle de bains

    -Hortense, l'avant-dernière de 11 ans que l'on retrouve souvent plongée le nez dans les livres et qui tient des journaux intimes

    -Enid, la benjamine de 9 ans 1/2, un peu garçon manqué, qui se lance dans de multiples explorations avec son ami Gulliver et adore les animaux

    Au fil des quatre saisons (l'automne pour Enid, l'hiver pour Hortense, le printemps pour Bettina, l'été pour Geneviève), on va les voir évoluer et trouver chacune en partie leur voie.

    Je me suis immédiatement prise d'affection pour elles toutes. Malika Ferdjoukh a réussi à les rendre toutes différentes et toutes aussi fortes et intéressantes. Aucune ne prend le pas sur l'autre. Même si je dois quand même avouer que j'ai été particulièrement touchée par la peste Bettina (un peu dans l'esprit de l'Amy de Louisa May Alcott) et par Hortense.

    Autour de ces héroïnes, gravite toute une galerie de personnages secondaires à la fois pittoresques et attachants: Basile, Tancrède, la petite Muguette, l'abominable homme des neiges...Autant de rencontres qui aident Charlie, Geneviève, Bettina, Hortense et Enid à avancer sur le chemin de la vie.

    Mais il ne faut pas oublier aussi le père et la mère qui apparaissent aux moments clés de l'existence de leurs filles. On se sait jamais comment ces fantômes seront habillés mais leurs dialogues avec leur progéniture se révèlent toujours percutants et drôles.

    Il m'est impossible d'évoquer toutes les aventures de ce volume qui reprend toute l’œuvre. Sachez juste que malgré les quelques six cent pages, l'intrigue ne contient jamais de longueurs. Et, après avoir bien ri, pleuré, espéré, guetté..., on referme ce livre en se disant: Encore!

    Pour conclure, j'aimerais dire quelques mots sur le style. Il entremêle habilement dialogues et descriptions. De plus, j'ai été bluffée par le choix des adjectifs ou des expressions qui sonnent toujours juste et contribuent à la réussite des Quatre soeurs. L'auteure a également réussi le pari de conférer à chacune de ses protagonistes  leur propre tonalité.

    J'ai beaucoup apprécié aussi toutes les références cinématographiques: Hitchcock, les Marx Brothers, Cary Grant....Autant de noms liés aux films que je regardais petite avec mon frère et mes parents et que je revois avec plaisir.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman est un véritable coup de cœur pour moi. Je pense qu'il rejoindra bientôt mes étagères et pour prolonger le plaisir, je relirai la bande dessinée (déjà deux volumes parus) de Cati Baur.

    quatre soeurs, malika ferdjoukh, l'école des loisirs, roman pour adolescents, coup de coeur, roman sur cinq soeurs

    L'Ecole des Loisirs, 2010, 608 pages, 19,50 €

    Billet dans le cadre du Challenge un pavé par mois de Bianca

    quatre soeurs, malika ferdjoukh, l'école des loisirs, roman pour adolescents, coup de coeur, roman sur cinq soeurs

     

     

  • La Femme au carnet rouge d'Antoine Laurain

    La Femme au carnet rouge

    par

    Antoine Laurain

    femme au carnet rouge.jpg

    "Le taxi l'avait déposée à l'angle du boulevard. Elle n'avait que cinquante mètres à faire pour revenir chez elle. La rue était éclairée par les réverbères qui coloraient les façades d'une lumière orange, et pourtant elle s'était méfiée, comme toujours en pleine nuit. Elle s'était retournée et n'avait vu personne."

    En rentrant chez elle, un soir, Laure se fait agresser et voler son sac à main. Victime d'un mauvais coup, elle est transportée dans le coma à l'hôpital.

    Le lendemain matin, alors que Laurent se rend dans sa librairie, il trouve un sac à mains. Il souhaite le confier au commissariat. Mais on lui conseille de revenir...Rentré chez lui, notre héros renverse la besace. Une foule d'objets se répand sur le sol. Parmi eux, un carnet rouge....

    Commence alors pour Laurent une quête de la mystérieuse propriétaire. Une quête qui va bouleverser sa vie....

    antoine laurain.jpeg

    Une de mes collègues m'a fortement conseillé ce roman. Aussi, je l'ai réservé à la médiathèque et je l'ai entamé le soir même de son arrivée. Et encore une fois, je me suis laissée happer par ce récit aux allures de conte moderne.

    Après avoir subi une attaque, Laure, à l'instar de la Belle au Bois dormant, se retrouve plongée dans le coma. Elle ne peut donc se douter qu'à l'instant précis de son arrivée à l'hôpital, Laurent vient de dénicher son sac dissimulé parmi des poubelles.

    Laurent constitue un héros bien englué dans ses habitudes. Il tient une librairie et tous les jours, observe la même routine. L'intrusion de cet objet dans son quotidien va perturber son existence et ses relations. Charmé par les mots déversés dans le carnet rouge, il va partir sur les traces de cette inconnue.

    J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre ses déambulations dans Paris. Et je me suis attachée à ce personnage si romantique. J'ai aimé sa fascination grandissante pour Laure, son goût des mots...

    Comme dans un conte, ce prince moderne doit affronter plusieurs épreuves et subir plusieurs revers avant de trouver la princesse.

    Mais son sens de la chevalerie ne va s’il pas l'empêcher justement de provoquer cette rencontre?

    "Comme l'écrit Patrick Modiano, que vous semblez aimer, dans Villa Triste : "Il y a des êtres mystérieux, toujours les mêmes, qui se tiennent en sentinelles à chaque carrefour de notre vie.""

    Cette intrigue qui met du baume au cœur est parfaitement servie par la rapidité du rythme. En effet, les chapitres courts et emplis de dialogues et de réflexions tantôt drôles tantôt émouvantes s'enchaînent.

    On espère, on s'interroge, on s'inquiète, on s'attendrit...

    Bref, vous l'aurez compris: je ne suis pas passée loin du coup de cœur et je vous conseille ce très joli ouvrage, surtout si vous êtes amateurs d'histoires qui font tout simplement du bien.

    Flammarion, 2014, 236 pages, 18 €

     

     

  • La Blancheur qu'on croyait éternelle

    La Blancheur qu'on croyait éternelle

    de

    Virginie Carton

    blancheur.jpg

    "Lucien avait cherché un loueur de voitures de collection et réservé pour la journée une Ford Mustang année 1966. Le type avait dit que cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps  qu'un homme entre comme ça lui louer une Mustang 66. A une époque, c'était la folie, il ne se passait pas une semaine sans qu'un dingue franchisse le pas de sa porte vêtu du trench de Trintignant avec le projet de se rendre à Deauville en Ford Mustang. "

    Deux destins entrecroisés. Celui de Lucien, 35 ans, pédiatre, grand fan de vieux films et de Trintignant et celui de Mathilde, 35 ans aussi, qui rêve de devenir chocolatière et se sent toujours décalée au milieu des autres. Deux solitaires qui n'ont pas su s'adapter aux rencontres amoureuses modernes. Deux belles personnes qui vivent dans le même immeuble et qui, malgré leurs nombreux points communs, ne se sont jamais adressés la parole.

    viriginie carton.jpeg

    Ce roman, j'avais très envie de le lire depuis que Bianca en avait si bien parlé sur son blog. Aussi, quand il est arrivé à la médiathèque où je travaille, je me suis précipitée dessus. Et bizarrement, j'ai pris mon temps avant de l'ouvrir. Comme si j'avais peur que l'intrigue ne soit pas à la hauteur du magnifique titre. Comme si je craignais de ne pas être touchée par le destin de Lucien et de Mathilde.

    Touchée, on peut pas dire que je l'ai été. Intéressée, oui. Attendrie aussi par ces deux protagonistes si inadaptés pour l'amour et les relations modernes.

    Pour narrer leur histoire, l'auteur a choisi une structure narrative articulée autour de l'enchaînement de leurs deux points de vue. Tour à tour, on suit donc les aventures de ce prince et de cette princesse charmantes, tous deux enfermés dans leur tour de solitude et qui attendent d'être délivrés par leur alter ego.

    Mais, comme dans tout conte qui se respecte, de nombreux obstacles vont de dresser devant eux. Et ils vont devoir affronter quelques épreuves avant leur rencontre...

    Néanmoins, l'hommage aux contes de notre enfance n'est pas le seul auquel se livre Virginie Carton. On s'aperçoit très vite qu'elle est éprise de chanson française et on s'amuse à retrouver les paroles de certains tubes dans le récit.

    De même, on sent bien qu'elle aime le cinéma. Un amour qu'elle partage avec son Lucien et sa Mathilde. Tous deux admirateurs de vieux films, de Romy Schneider et de Jean-Louis Trintignant. Cette empreinte cinématographique se retrouve également dans la construction de son intrigue. Elle a su créer des scènes fortes (la fête chez le voisin, les retrouvailles des Anciens, la journée à Deauville) et très vivantes. Et que dire de cet épilogue qui rappelle les génériques de fin des longs métrages?

    "On porte en soi des images de films, des chansons qui surgissent à des moments inattendus de nos vies, qui font de nous quelqu'un ayant appartenu à une époque. Il nous reste des empreintes de ces histoires qui nous ont marqués, de ce temps où nos vies étaient vierges et où l'on croyait la blancheur éternelle. On voulait que notre vie ressemble à ce moment-là, à cet instant parfait."

    Je me suis attachée à ces deux héros et à leurs péripéties. J'ai ri avec eux, partagé leurs instants de timidité, leurs maladresses.... J'ai aimé les voir évoluer dans leur enfance. J'ai guetté leur rencontre. Je me suis énervée contre les aléas du destin.

    Lucien, Mathilde et les autres permettent aussi de dresser un portrait des trentenaires et de leurs rapports amoureux. Un portait qui peut parfois faire peur et qui m'a plutôt rapproché du romantisme et de la timidité des deux protagonistes.

    Bref, vous l'aurez compris: même s'il n'a pas constitué un coup de cœur, j'ai passé un bon moment en compagnie de ce roman sensible, tendre et optimiste.

    Editions Stock, 2014, 221 pages, 18 €

    En bonus, je joins une chanson de Vincent Delerm que j'aime beaucoup et qui retranscrit si bien l'atmosphère de la ville de Deauville au début de cet ouvrage.