Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

the frenchbooklover - Page 114

  • Cette sacrée vertu de Winifred Watson

    Cette sacrée vertu

    de

    Winifred Watson

    cette-sacree-vertu-3493272.jpg

    "9h15-11h15

    La pendule sonnait neuf heures et quart, lorsque Miss Pettigrew poussa la porte du bureau de placement. Comme d'habitude, elle n'avait guère d'espoir; mais cette fois la directrice, Miss Holt, la salua d'un sourire un peu plus engageant."

    Miss Pettigrew, la quarantaine bien sonnée, est une fille de pasteur qui tente de se trouver un poste de gouvernante. En dépit de ses dernières mauvaises expériences.

    Elle sait que si le bureau de placement ne lui propose rien, elle sera à la rue ce soir car sa logeuse lui a posé un ultimatum.

    Mais, miracle!, ce matin-là à 9h15, Miss Holt lui confie une fiche. Une certaine Miss Lafosse, 5, Onslow Mansions chercherait à employer une gouvernante.

    A 10h précises, Miss Pettigrew sonne à la porte.

    A 10h05, au bout de cinq longues minutes d'attente, "une jeune femme parut. [...] Elle était belle comme une héroïne de cinéma. "

    Notre protagoniste est bien loin de se douter que cette rencontre va lui faire vivre la journée la plus mémorable de son existence.

    winifred watson.jpg

    J'aime bien parcourir certains blogs anglais, amateurs de littérature vintage, et lire les avis sur Whoopsy Daisy. C'est ainsi que j'ai repéré ce titre et j'ai été ravie de le croiser dans une librairie d'occasion la semaine dernière.

    Miss Pettigrew a tout de l'anti-héroïne: fille de pasteur, elle n'a jamais connu de libertés et a obéi à toutes les interdictions concernant les sorties, les fréquentations, la boisson, les tenues..

    A quarante ans, elle se retrouve toute seule. "Mais, dans le monde entier, on n'eût pu trouver ami ou parent qui sût ou se souciât de savoir si Miss Pettigrew était vivante ou morte"

    De plus, elle connaît de graves difficultés financières. Ce poste chez Miss Lafosse représente un peu sa dernière chance.

    Sa dernière chance de gagner un salaire et de payer son loyer, certes...Mais, comme elle va le découvrir au fil des heures, sa dernière chance de changer son existence et de vivre enfin...

    La jeune femme, chez laquelle elle est envoyée, exerce le métier de chanteuse dans un night club. Elle espère obtenir prochainement une revue. Et jongle entre trois amants.

    Phil, le premier, est encore chez elle à l'arrivée de Miss Pettigrew et cette dernière se voit contrainte de le chasser. Puis, elle tente de cacher toutes les traces de sa présence à Nick, le second...

    S'enchaînent ainsi de nombreuses scènes de vaudevilles. Les situations comiques sont toujours présentées avec beaucoup d'ironie et d'humour "so british".

    Tout comme la gouvernante, le lecteur en vient à guetter les coups de sonnette.

    "Un coup de sonnette, chez Miss Lafosse, était le prélude d'une aventure. Ce n'était pas un appartement ordinaire où le timbre de la sonnette annonçait le boucher, le laitier ou le boulanger. La sonnette de Miss Lafosse signifiait un évènement, un drame, une nouvelle crise à affronter."

    A chaque chapitre (découpé en plages horaires), son lot de surprises...Toutes ces nouvelles venues (et les verres qui les accompagnent) vont émousser peu à peu les principes moraux de notre héroïne.

    Cette dernière s'amuse follement. Et souvent, alors qu'elle n'a pas vécu, fait preuve d'un bon sens incroyable et règle, parfois à son corps défendant, les conflits amoureux de ses nouvelles amies.

    "Alors, pour le restant de ses jours, et surtout aux heures de détresse, elle revivrait en pensée l'unique jour de joie qu'il lui avait été donné de vivre"

    Puis, à l'instar de Cendrillon, grâce à ses bonnes fées, elle subit une transformation physique radicale et les accompagne au bal. Et si sa route croisait celle d'un prince charmant?

    On rit beaucoup à la lecture de ce roman. Les scènes, les répliques, les réflexions intérieures de Miss Pettigrew complètement sortie de sa zone de confort, l'ironie de la plume de Winifred Watson y contribuent.

    Mais, derrière cette légèreté, affleurent certaines questions et réflexions sur la pauvreté et le célibat. Au fil de la journée, notre héroïne repense à sa situation, à ce qu'elle a manqué...Par  conséquent, elle profite d'autant plus de cette parenthèse enchantée avant que son carrosse ne se métamorphose en citrouille.

    Bref, vous l'aurez compris: un merveilleux roman vintage. Un conte moderne profondément drôle et divertissant que je vous recommande.

    Seul bémol: la traduction du titre. Comme vous pouvez le lire sur cette très belle couverture des éditions Persephone Books, l'ouvrage s'intitule en VO "Miss Pettigrew lives for a day". Dommage que l'idée n'ait pas été gardée en français...

    Miss Pettigrew.jpg

    Editions 10/18, 2006, 221 pages

    gif-coeur-qui-bat.gif

     

     

     

  • La Mort s'habille en crinoline de Jean-Christophe Duchon-Doris

    La Mort s'habille en crinoline

    de

    Jean-Christophe Duchon-Doris

    mort s'habille en crinoline.jpeg

    "Mme Roger, couturière en vogue, quarante-trois ans, chignon, robe en popeline bleu foncé garnie de peluche ton sur ton, avec toque en castor et manchon. On lui a proposé de s'asseoir, elle préfère cependant rester debout à côté de sa "première"-dix ans de plus, un peu voûtée, robe de velours noir très simple, un ruban de même couleur orné d'une perle unique au ras du cou, chapeau à voilette, mitaines en dentelle noire."

    Le 25 janvier 1856, à trois jours d'un grand bal donné aux Tuileries, Mme Roger montre ses dernières créations à une nouvelle venue sur la scène parisienne, la comtesse de Castiglione.

    "Mme de Castiglione bouge enfin- [...] buste droit, port de tête, taille marquée, silhouette cambrée vêtue d'une robe de taffetas finement rayée de mauve et de gris, des yeux bleu-vert, bouche petite surmontée d'un nez destiné au pinceau, cheveux noirs aux reflets fauves, encadrant un visage mat. Une beauté hors du commun."

    Aucune toilette ne convient à cette future cliente. Non, elle a un modèle bien en tête pour être présentée à l'Empereur et entend que la modiste le réalise.

    Trois jours plus tard, vêtue d'une magnifique robe à crinoline de huit mètres, Mme de Castiglione fait son entrée et émerveille immédiatement toute l'assemblée.

    Son destin est en marche...Et elle devient bientôt la maîtresse de Napoléon III.

    Sept ans plus tard, des cadavres de femmes égorgées qui lui ressemblent toutes étrangement sont retrouvés dans la capitale.

    Une enquête est diligentée...

    castiglione winterhalter.JPG

    La Castiglione par Winterhalter

    Après avoir lu de bonnes critiques sur les blogs de Bianca, Fanny, Syl et Titine, j'ai eu très envie de me lancer à mon tour dans ce roman policier.

    J'ai toujours été intéressée par cette période du Second Empire et j'avais déjà entendu parler de la comtesse de Castiglione, cette femme fascinante qui a été la favorite du roi Victor-Emmanuel et de Napoléon III.

    Une beauté à couper le souffle qui a été utilisée pour approcher l'Empereur et le convaincre de soutenir la cause italienne...

    Une muse qui a beaucoup influencé la mode de son temps et s'est sans cesse mise en scène. De 1856 à 1895, soit cinq ans avant sa mort, elle entame, en effet, une collaboration avec le photographe Pierson. Plus de 500 clichés qui la montrent tant à l'apogée de son éclat qu'au moment de sa décadence, quand les dents viennent à lui manquer.

    C'est autour de cet être palpitant que Jean-Christophe Duchon-Doris a choisi de centrer son intrigue. Ses sosies sont égorgés dans les rues de la capitale et le policier Dragan Vladeski est sommé de découvrir l'auteur de ses meurtres.

    Son enquête va le mener dans le cercle des très proches de la comtesse. Mais l'entraîner aussi dans les rues de ce Paris en plein bouleversement haussmanien. Photographes, modistes de renom, demi-mondaines, couturières...constituent autant d'univers qu'il découvre.

    Grâce aux investigations de Dragan, le lecteur peut donc se faire une meilleure idée de la société du Second Empire.

    Une société où à la misère du quartier autour de la rue Traversine répondent la rutilance des salons de la haute société et la richesse des étoffes, des parures.....

    Les femmes se battent pour arborer la plus belle tenue et se faire remarquer à la Cour ou à l'Opéra. Elles font la queue pour voir les défilés du couturier Worth. Celui qui a décidé d'abandonner les poupées pour choisir des mannequins en chair et en os.

    Néanmoins, cette reconstitution très soignée et très fouillée de la vie dans la capitale à cette époque ne constitue pas le seul intérêt de ce roman. L'auteur a su entremêler avec habilité personnages de l'Histoire et de son invention (même si Dragan et Eglantine paraissent bien ternes par rapport à la comtesse). On suit également avec plaisir l'intrigue qu'il a fomentée et les pièges dans lesquels il place son lecteur.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un agréable moment en compagnie de cet ouvrage. Et je pense que ce ne sera pas le dernier que je découvrirai de Jean-Christophe Duchon-Doris...

    Editions Julliard, 2014, 318 pages, 20 €

    Billet dans le cadre du challenge 19ème siècle organisé par Fanny.

    la mort s'habille en crinoline, jean-christophe duchon-doris, julliard, polar historique, polar sous le Second Empire, comtesse de Castiglione

    En bonus, je vous rajoute une vidéo que j'ai trouvée autour de l’œuvre de Pierre-Louis Pierson. L'occasion de voir certaines des photographies qu'il a prises de la Castiglione.


     

  • Ma sélection de romans pour l'été

    Ma sélection de romans pour l'été

    summer 3.jpg

    Après avoir vu ce type de billets fleurir sur certains blogs que j'affectionne ( Eliza de Passions lectures, Leo de Me, darcy and I...), j'ai eu envie de me lancer dans cet exercice et vous recommander à mon tour des lectures pour l'été.

    Je ne sais pas pour vous, mais à cette période de l'année, j'aime beaucoup me plonger dans des sagas. Il y'a quelques années, j'ai eu l'occasion de découvrir une trilogie de Marie Laberge: Gabrielle, Adélaïde et Florent.

    gabrielle de marie laberge.jpg

    Dans le Québec des années 1930, on suit le parcours d'une famille fascinante et moderne, qui tente de se libérer des conventions. Amour, amitié, trahisons....constituent autant d'ingrédients de cette série. Un véritable page turner, très bien écrit, qui m'a fait tour à tour rire, pleurer...J'ai eu du mal à quitter cet univers et je sais que je n'ai toujours pas oublié certains des personnages (Gabrielle et Nick notamment).

    autantenemporte.jpg

    Toujours dans le domaine des sagas, j'aimerais évoquer une de celles qui a marqué l'été de mes 15 ans: Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell. Tout le monde connaît l'histoire de Rhett et de Scarlett, notamment par le biais du film. Mais ce roman ne se limite pas à l'évocation de cette magnifique relation amoureuse. Non, il se révèle une véritable fresque du Sud avant, pendant et après la Guerre de Sécession. Encore une fois, les pages se tournent sans qu'on s'en rende compte...

    Après l'univers des sagas, place aux comédies romantiques (mais pas que...)

    théorème du homard.JPG

    Récemment, je vous ai parlé d'un coup de coeur: Le théorème du homard de Rosie Thomas. Une très belle intrigue avec un héros aux allures de Sheldon Cooper qui fait tout simplement du bien (mon billet ici)

    Demain-est-un-autre-jour_683.jpeg

    Autre ouvrage que j'ai beaucoup aimé cette année: Demain est un autre jour de Lori Nelson Spielman: Brett est une jeune femme de 34 ans qui vient de perdre sa mère. Pour seul héritage, elle reçoit une liste établie lorsqu'elle avait 14 ans et qu'elle doit réaliser. Un roman très touchant et entraînant sur l'importance des rêves d'adolescents, sur la quête du bonheur...(mon billet ici)

    Direction maintenant un autre genre que j'affectionne particulièrement: celui des romans à tiroirs, ceux dans lesquels s'entremêlent sans cesse passé et présent. Ceux dont les drames du passé hantent les vivants. Ceux dont on ne comprend le fin mot que dans les dernières pages.

    scène des souvenirs.gif

    Difficile de ne pas citer dans cette catégorie une auteure que j'aime beaucoup:Kate Morton. Je n'ai chroniqué sur ce blog que La scène des souvenirs (mon billet par ici). Mais je me souviens avoir adoré Le jardin des secrets et Les heures lointaines.

    tueur.jpg

    Je garde également un très bon souvenir du Tueur aveugle de Margaret Atwood. En 1945, Laura se jette du pont au volant d'une voiture. Elle laisse à sa soeur Iris un manuscrit posthume qui rencontre dès sa publication un immense succès. Les années passent et cinquante ans plus tard Iris accepte de raconter leur passé et de tenter de trouver une justification au geste de Laura. Plusieurs niveaux de récits s'imbriquent en permanence et révèlent toute la maîtrise et le talent de cet écrivain canadien.

    montalvano.jpg

    Une sélection estivale ne serait pas complète sans deux ou trois romans policiers. Comme j'associe l'été (malgré la pluie des derniers jours) au soleil, à la chaleur, à la mer, je ne peux que vous parler de la série des Montalbano, un commissaire imaginé par Andrea Camilleri. On suit avec délectation ses aventures dans sa Sicile natale. Et on ressort avec l'envie de déguster toutes les spécialités gastronomiques évoquées. A consommer donc sans modération pour le bien-être de vos neurones et de vos papilles.

    mystère.jpg

    Si vous avez envie de rire en parcourant une intrigue complètement décalée, alors Le mystère Sherlock est fait pour vous. A Meringen, en Suisse, les pompiers dégagent l'hôtel Baker Street et retrouvent avec surprise les cadavres des dix universitaires qui y étaient piégés, alignés dans la chambre froide. Un hommage truculent à Conan Doyle et Agatha Christie. Un véritable puzzle alambiqué.

    Pour conclure cette sélection, je vous proposerai deux "pavés" jeunesse.

    quatre soeurs.jpg

    Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh: au fil des saisons, on découvre le quotidien des cinq soeurs Verdelaine qui habitent toutes seules la maison familiale depuis la mort accidentelle de leurs parents. Truffé de références littéraires et cinématographiques, drôle, attachant, émouvant, ce roman se dévore et se quitte à regret (mon avis par ici).

    Miss-Charity_exact780x1040_p.jpg

    Autre grand format, autre coup de cœur jeunesse: Miss Charity de Marie-Aude Murail. Dans l'Angleterre des années 1880, Charity est une petite fille renfermée et livrée à elle-même qui vit dans la nursery au milieu des animaux qu'elle élève (des souris...) Un jour, elle décide de les dessiner. Au fil des années, elle développe un grand talent. Elle confectionne des cartes de vœux...Remarquée par un éditeur, elle commence à publier des albums...Inspirée par la vie de Beatrix Potter, ce roman se révèle un très bel hommage à cette artiste, à l'art en général, à l'amour....Il faudrait que je le relise prochainement pour vous en parler plus longuement dans un billet.

    En achevant cette sélection, plein d'autres titres me viennent en tête (Le Général du Roi de Daphné du Maurier, Madame Hemingway de Paula McLain...)...

    Et vous, en auriez-vous à me conseiller?