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  • La Vie au bout des doigts

    La Vie au bout des doigts

    de

    Orianne Charpentier

     

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     "La surveillante de nuit passa dans le dortoir, un sifflet aux lèvres et une lampe à la main. C'était une de ces lampes-tempêtes en cuivre, avec une bougie à l'intérieur qui brillait faiblement. La lumière était douce quand on ouvrait les yeux, mais les oreilles restaient douloureuses, toutes bourdonnantes encore du sifflement strident."

    Mardi 11 novembre 1913, Guenièvre, 14 ans, n'arrive pas à s'acclimater au pensionnat dans lequel l'a placé sa grand-mère, après la mort de ses parents lors d'un accident du transsibérien. Pour oublier sa peine et les moqueries de ses congénères, elle se réfugie dans la nourriture pourtant peu ragoûtante.

    Jusqu'au jour où elle fait la connaissance de Pauline, une "grande" qui entend la protéger et l'initier au monde moderne.

    Puis,à Noël, les bouleversements surviennent dans la vie de notre héroïne. Chassée du pensionnat, elle reprend sa place dans le foyer de sa grand-mère et retrouve ses repères d'antan.

    Mais ce bonheur n'est qu'éphémère. En effet, à l'été 1914, la guerre éclate et balaie tout sur son passage. Guenièvre, comme tout son entourage, va devoir faire face. Tout en continuant son apprentissage.

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    J'avais entendu beaucoup de bien de ce roman. Aussi, je n'ai pas hésité longtemps quand il est arrivé dans ma médiathèque.

    Comme dans le Choix d'Adélie de Catherine Cuenca dont je vous parlais le mois dernier, Orianne Charpentier a abordé les années 1913-1919 par le prisme féminin.

    Mais, contrairement à Adélie, Guenièvre est une adolescente mal dans sa peau, sans réels objectifs et rejetée des autres. Sa différence l'effraie et elle n'entend pas l'exploiter, de peur de se démarquer.

    Au fil des pages et des six années où nous suivons son itinéraire, on va la voir évoluer et s'affirmer de plus en plus. Comme sa grand-mère, notre héroïne possède un don. Celui de guérir miraculeusement les blessures. Elle manifeste aussi un talent pour pressentir le futur de certaines personnes qu'elle croise.

    J'ai trouvé cette dimension fantastique assez intéressante, notamment en ce qui concerne l'analyse qu'elle suscite sur la place des guérisseurs et guérisseuses dans les campagnes françaises au début du vingtième siècle.

    En effet, sans jamais alourdir l'intrigue ou donner l'impression de se livrer à un cours magistral, l'auteur parvient à brosser un tableau très fouillé de cette époque. Place des femmes, opinions et combats politiques (le pacifisme, l'Action française), milieux intellectuels et artistiques, avancées scientifiques, impact de la guerre à l'arrière, attente des nouvelles du front, fuite devant l'ennemi, vie à la campagne...constituent autant de sujets traités.

    Et ce travail de reconstitution extrêmement poussé m'a bluffée. J'ai aimé en apprendre plus sur cette période et sur le climat qui y régnait.

    De même, je me suis beaucoup attachée aux personnages imaginés par Orianne Charpentier. Que ce soient Guenièvre, Perpétue, la servante de sa grand-mère aux idées et prévisions farfelues (Henriette Pottier m'a bien fait rire), Petit Dan ou Edmond, ils se révèlent tous très vivants et intéressants.

    J'ai également apprécié la construction de l'intrigue en deux parties: avant 1914 et pendant la guerre. On est en présence d'un narrateur omniscient qui se focalise sur la jeune fille dont on suit l'évolution. Néanmoins, il prend la liberté d'introduire des ruptures dans le récit (apartés de connivence avec le lecteur). De plus, même si la troisième personne du singulier prévaut, de temps en temps, le "je" s'impose. Notamment par le biais de lettres ou de journaux intimes. Une manière de donner encore plus de poids aux confidences des soldats chers à Guenièvre et aux femmes qui gravitent autour d'elle. Une manière aussi d'exprimer leur douleur et  l'horreur des combats.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été happée par ce roman dense, bien écrit, prenant, émouvant et je ne suis pas passée loin du coup de cœur.

    Gallimard Jeunesse, collection Scripto, 2014, 411 pages

    Billet dans le cadre du Challenge Première Guerre mondiale et Un pavé par mois.

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  • Les Cygnes sauvages

    Les Cygnes sauvages

    un texte de Kochka d'après Andersen

    avec des illustrations de Charlotte Gastaut

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    "Bien loin d'ici, là où migrent les hirondelles à l'approche de l'hiver demeurait un roi qui avait onze fils et une fille, Elisa. Les onze princes, sabre au côté, allaient à l'école tous les jours tandis que leur soeur, assise sur un tabouret de cristal, attendait leur retour devant un livre d'images."

    Mais, un jour, leur père se remaria avec une femme "au cœur plus petit qu'un dé à coudre". Afin de s'accaparer son époux, elle envoya Elisa au couvent et transforma ses onze frères en oiseaux. Mais son sort ne fonctionna pas complètement car, à la place de laids oiseaux, les princes se transformèrent en cygnes.

    Les années passèrent...Elisa devint une magnifique jeune femme. A quinze ans, elle reparut à la cour et rendit folle de jalousie sa belle-mère.

    Une fois encore, cette dernière tenta de nuire à la progéniture royale mais sa magie se brisa devant la pureté de la princesse.

    Elisa décida de s'enfuir. Elle marcha, marcha, marcha...et sur sa route, rencontra une vieille femme qui lui indiqua un endroit où trouver onze cygnes.

    Parvenue au rivage, Elisa reconnut ses frères et décida de tout entreprendre pour leur rendre apparence humaine.

    Elle ignorait alors que ce choix pourrait tout lui coûter.

    Dans cet album, Kochka a voulu rendre accessible aux lecteurs à partir de 6 ans le conte de Hans Christian Andersen.

    Avec un style à la fois simple et poétique, elle nous narre l'histoire d'Elisa, une jeune princesse qui devra rencontrer bien des épreuves avant de connaître le bonheur. Rejet, séparation, malédiction, faim, errance, sacrifice, abnégation, labeur, accusations de sorcelleries, condamnation...constituent autant d'étapes sur la route de son apprentissage.

    En effet, l'intrigue aborde tous ces sujets et insiste sur l'importance de l'amour fraternel.

    Et forcément, en lisant les Cygnes sauvages, on pense à d'autres contes où les fratries sont très importantes (Hansel et Gretel, Le Petit Poucet...). On pense également à Blanche-Neige (avec la belle-mère jalouse et sorcière), aux Fées (avec la vieille femme qui récompense la pureté et la générosité)...

    J'ai été frappée par cette richesse thématique et par ces multiples rebondissements. Comme si, chez Andersen, le bonheur ne se gagnait pas facilement et que seules plusieurs épreuves pouvaient l'apporter et le conforter.

    Pour illustrer cette trame, il fallait tout le talent de Charlotte Gastaut. Je crois vous avoir déjà parlé de toute l'admiration que je porte à cette artiste (Les Fées, Le Lac des cygnes).

    Cette admiration a été encore confortée devant le foisonnement des images qu'elle a su créer pour mettre en valeur le récit de Kochka.

    Chaque double page s'accompagne d'un tableau. Les couleurs sont chatoyantes, les fonds toujours très fouillés, les silhouettes et les visages délicats.

    Souvent, ce tableau déborde sur le texte. Mais il se fait plus discret en noir et doré.

    On se perd dans les détails, on revient plusieurs fois sur certaines illustrations...

    Bref, vous l'aurez compris: cette adaptation d'un des contes les plus connus d'Andersen constitue un petit bijou et j'espère que ce duo continuera à nous livrer d'aussi beaux albums.

    Merci à Babelio et à Père-Castor Flammarion pour cette magnifique découverte!

    Billet dans le cadre du challenge Il était une fois...les contes de fées de Bianca

    Père-Castor Flammarion, 2014, 13,50 €

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  • Ces livres que je n'ai pas chroniqués au mois d'octobre

    Ces livres que je n'ai pas chroniqués au mois d'octobre

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    Me voici de retour avec le billet autour des livres que je n'ai pas chroniqués. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu recours à cette rubrique mais, comme je tiens à garder le plus possible une trace de mes lectures, je me suis dit que ce serait bien de vous parler de ces trois ouvrages découverts en octobre.

    Et, pour commencer, un  classique victorien. Parmi mes résolutions livresques 2014, figurait celle de plus lire de romans anglais du 19ème siècle. Je ne connaissais pas la plume de Mary Elizabeth Braddon et j'ai eu l'occasion de réparer cette erreur avec Le Secret de Lady Audley.

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    Afin de faire fortune, George Talboys a abandonné sa femme et son jeune fils et a émigré en Australie. Une fois sa mission accomplie, il est bien décidé à les retrouver mais il apprend que son épouse a trouvé la mort récemment.

    Accablé par le chagrin, il accepte de partir avec son ami Robert Audley en Russie et de l'accompagner à son retour dans le manoir familial. Mais là-bas, la nouvelle maîtresse de maison semble tout faire pour les éviter. Et, après avoir l'avoir rencontrée, George disparaît.

    Bien décidé à dénouer ce mystère, Robert se lance dans une enquête tant complexe que dangereuse. Mais sera t-'il prêt à tout sacrifier au nom de la vérité?

    J'ai tout de suite accroché à cette histoire. Tous les ingrédients du drame y sont réunis: morts, disparitions, femme fatale, secrets, complots, vengeance...pour rendre la lecture haletante. Certes, il y a des longueurs mais les pages se tournent d'elle même, tant on est happés par cette quête de Robert et par son combat face à une ennemie acharnée et décidée.

    Une réussite et, même si je n'ai pas trouvé la fin à la hauteur (elle m'a paru trop convenue), je sais que ce ne sera décidément pas ma seule incursion dans l'univers de cette romancière anglaise.

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    Après les brumes anglaises, place au soleil estival suédois et à l'archipel de Sandhamm. Un corps vient d'y être retrouvé noyé et on ignore pour l'instant s'il s'agit d'un accident ou d'un meurtre. Afin de dissiper les soupçons, l'inspecteur Thomas Andreasson est envoyé sur les lieux. Très vite, le cadavre d'une femme est également découvert dans une chambre d'hôtel. Thomas se lance dans l’enquête, assisté de Nora Linde, son amie d'enfance, en villégiature sur l'île avec sa famille.

    La Reine de la Baltique constitue le premier roman de Viveca Sten, présentée comme la grande rivale de Camille Läckberg. On y fait la connaissance de ses deux héros récurrents, Thomas et Nora, deux trentenaires confrontés à des épreuves de vie: l'un a perdu son bébé et l'autre assiste au lent naufrage de son mariage. Deux personnages éminemment sympathiques auxquels on ne peut que s'attacher et que j'espère retrouver. Ils représentent d'ailleurs l'atout principal de ce polar d'ambiance. En effet, comme pour la Princesse des glaces et autres aventures d'Erika Falck et Patrik Heldström, j'ai apprécié cette balade dans l'archipel, cette découverte de la culture suédoise mais je n'ai pas été bluffée par l'intrigue policière. Je me doutais, avant la fin, de l'identité du ou des coupables.

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    Retour en Angleterre, mais cette fois-ci dans un cimetière. Celui qui a vu grandir Nobody Owens.

    Cela faisait longtemps que j'entendais parler de Neil Gaiman mais je n'avais jamais encore sauté le pas. A la faveur d'une préparation pour un club de lecture au CDI, j'ai plongé dans l'Etrange vie de Nobody Owens.

    Dans ce roman graphique, on fait la connaissance du héros tout bébé. Alors que sa famille vient d'être poignardée il a réussi à se réfugier dans un cimetière où il est adopté par des fantômes. S'ensuit toute une série d'aventures. Dans ce monde pas comme les autres, Nobody fait son apprentissage de la vie auprès de ces êtres extraordinaires. Mais le danger rôde toujours et Jack le meurtrier continue à le chercher...

    Voici un ouvrage qui m'a laissé une impression mitigée. Autant j'ai adoré certains personnages, certaines scènes, certaines descriptions, autant je suis restée de marbre face à certaines situations ou péripéties. Néanmoins, je dois avouer que Neil Gaiman possède son propre univers. Un univers qui n'appartient qu'à lui et qui vaut certainement le détour.