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  • L'Homme à la lèvre tordue de Conan Doyle

    L'Homme à la lèvre tordue

    de

    Conan Doyle

    texte intégral traduit par Thibault Vermot

    illustré par Anton Lomaev

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    "Isa Whitney, frère du regretté Elias Whitney, directeur de la Faculté théologique de Saint-George, était sacrément dépendant de l'opium. L'habitude lui était venue, comme j'ai cru comprendre, d'un certain scélérat imbécile fréquenté à l'université; après avoir lu dans le livre de Quincey la description des rêves et des sensations engendrés par l'opium, il s'était mis à inonder son tabac de laudanum pour essayer d'en tirer les mêmes effets."

    Par une soirée de juin 1889, Watson et sa femme sont dérangés par une de leurs amies qui s'inquiète de la disparition de son époux, parti depuis trois jours et sans doute égaré dans un taudis de l'East End au milieu de volutes d'opium.
    Le docteur s'engage à le ramener. Mais, pendant sa mission, il tombe sur son ami Sherlock, déguisé en fumeur d'opium et qui tente lui aussi de résoudre la disparition d'un mari. Dans des circonstances assez extraordinaires. Tout semble laisser penser à un meurtre au coupable idéal. Pour autant, notre détective continue de douter. Et voilà nos deux compères engagés dans une nouvelle enquête.

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    J'aime beaucoup le principe de cette collection des grands classiques illustrés. Une jolie manière d'appréhender certains titres du patrimoine littéraire avec ce bal des images qui les scandent et les accompagnent.

    C'est l'artiste Anton Lomaev qui s'est attaqué à cette nouvelle de Sherlock Holmes (la troisième de la collection après l'Aventure du ruban moucheté et le Diadème de Beryls).

    Même si je n'ai pas trouvé l'intrigue aussi frappante que les précédentes et que le dénouement moral m'a moins convaincue, je me suis laissée porter par les rebondissements. Jeux d'apparences qui nous permettent une plongée dans les quartiers les plus pauvres du Londres Victorien, où se côtoient notamment les amateurs de paradis artificiels et certains criminels.

    Une incursion rendue encore plus frappante par ces tableaux qui occupent toute la page. Représentations en grand format des ambiances et des étapes décisives de cette aventure. Des représentations aux couleurs
    souvent sombres ou bleutées, aux détails d'orfèvre parfois d'inspiration russe, aux perspectives qui attirent le regard... Comme autant de pauses dans le cours de l'histoire. Comme autant de manières également de rendre encore plus palpables les mots.

    Bref, vous l'aurez compris: même s'il ne s'agit pas de mon investigation préférée de Sherlock Holmes, j'ai passé un bon moment à parcourir cet album pour les plus grands. 

    Editions Sarbacane, 2020, 61 pages

     

  • Belphégor d'Arthur Bernède

    Belphégor

    d'Arthur Bernède

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    "-Il y a un fantôme au Louvre!

    Telle était l'étrange rumeur qui, le matin du 17 mai 1925, circulait dans notre musée national.

    Partout, dans les vestibules, dans les couloirs, dans les escaliers, on ne voyait que des gens qui s'abordaient, les uns effrayés, les autres incrédules, et s'empressaient de commenter l'étrange et fantastique nouvelle."

    Il fait nuit dans les couloirs du Louvre.
    Et une ombre avance. Fantôme sombre qui poursuit sa route vers la salle des Dieux barbares et la statue de Belphégor.
    C'est la deuxième fois qu'on voit cette silhouette arpenter les lieux. Elle a échappé la veille à un gardien.
    Demain, un autre gardien sera retrouvé mort.
    Et déjà la légende du Fantôme du Louvre est en marche.
    Qui se dissimule sous ce tissu noir ? Telle est la question que vont tenter de résoudre le détective Chantecocq, le reporter Bellegarde et l'inspecteur Menardier.

    Belphégor fait partie des créations de la Société des cinéromans, une société co-fondée par Gaston Leroux, Arthur Bernède et le comédien René Navarre. Elle avait pour vocation de façonner des romans qui étaient à la fois publiés sous forme de feuilleton dans les journaux et adaptés en même temps au cinéma.

    Lire Belphégor, c'est donc renouer avec le roman populaire à épisodes. Où chaque chapitre nous invite à nous précipiter sur le prochain. A la recherche d'indices sur le Fantôme ou curieux de savoir ce qui attend nos héros, souvent laissés dans des situations inconfortables.

    Lire Belphégor, c'est également remonter le temps et évoluer dans cette période de l'après Première Guerre mondiale où on communique par pneus pour prévenir de sa visite et où les revolvers peuvent être appelés rigolos.

    Il se dégage donc de ces pages un charme désuet. Dû au langage. Dû aussi au style de Bernède. Un style où on sent l'influence du procédé scénaristique et de l'idée de l'adaptation. Les descriptions se font rares, si ce n'est dans les moments où le Fantôme erre dans le Louvre. Les rebondissements se multiplient.

    Les personnages correspondent, à l'exception de Belphegor, à des types classiques du roman populaire. La jeune première amoureuse. Le reporter encore débutant mais plein de talent. Le détective brillant qui maîtrise l'art du déguisement. L'inspecteur volontaire mais qui s'égare sur la mauvaise piste.

    Et, parfois, cela fait juste du bien de se lancer dans ce genre de divertissement. Suranné et mystérieux.
    Maintenant, je connais le mystère de Belphégor et je pense que je ne regarderai plus certains endroits du Louvre de la même manière. Comme si une aura fantomatique s'y attachant désormais. 

    Libretto, 295 pages

  • En thérapie

    En thérapie

     

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    Une femme de profil qui pleure. Gros plans sur ces larmes entremêlées de vie et de mort trois jours après le Bataclan.
    Dans la même pièce, il y a un homme assis. A l'écoute de cette femme et de tout ce qu'elle a besoin de déverser. Flot de paroles et de sanglots.
    Cet homme, c'est le psy Philippe Dayan. Nous sommes lundi 9h et c'est le moment où Ariane occupe l'espace.
    Jour après jour, vont se succéder ainsi dans son cabinet des patients. Un membre de la BRI qui fait partie des premiers rentrés au Bataclan. Une adolescente plâtrée qui a oublié les circonstances de son terrible accident. Un couple qui se déchire.
    Ils résistent. Ils se livrent. Ils accusent. Ils crient. Ils chuchotent. Scènes d'intensité apparemment accueillies avec le même calme et la même bienveillance par Dayan.
    Pourtant derrière ce mur d'écoute en retrait, apparaissent des fissures. Dans ses yeux. Dans ses expressions. Comme si face à ces confessions, lui même se perdait un peu. Être en crise qui chercherait lui aussi un moyen de se reancrer.

    Il y a ce cadre de l'existence du dedans qui jaillit et qui tente d'être réparée. Dans ce salon au canapé rouge.
    Il y a cette existence du dehors qui bruisse à la porte et fait parfois irruption. Rappel de tout ce qui se noue ici et ailleurs.

    Sept semaines de rencontres. Où les patients reviennent et évoluent dans cette atmosphère de l'après Bataclan qui cristallise tant de remises en question. Transfert, poids de la culpabilité, traumatismes enfouis se succèdent ainsi devant nos yeux. Portrait de générations combinées.

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    Je ne connaissais ni la version israélienne ni la version américaine qui ont inspiré cette série en 35 épisodes d'une vingtaine de minutes. Aussi, je n'avais aucune attente précise en commençant ce format et dès les premiers instants, j'ai été captée par ce huis-clos entre Ariane et Dayan. Par son intensité. Par la qualité de l'interprétation. Par les dialogues. Par les plans. Ballet de la caméra qui s'attache à nous livrer tout ce qui se joue sur leurs visages et dans cet impalpable que les silences habitent.  Et puis, j'ai enchaîné avec le second huis-clos. Et j'ai su que j'étais face à une série forte et intense. Qui émeut et fait réfléchir. Qui tutoie l'intime et l'universel.

    Les heures ont défilé et sur mon propre canapé, j'ai été scotchée par la qualité des acteurs tous aussi incroyables les uns que les autres. Frédéric Pierrot magistral dans ce rôle central, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Céleste Brunnquell, Carole Bouquet, Clémence Poesy, Pio Marmai, Djemel Barek et Elsa Lepoivre nous tiennent captifs. Interprètes incarnés. J'ai été emportée aussi par la qualité des répliques et par la réalisation. Immergée par certains plans sous une vague d'émotions. Et j'ai quitté à grand regret cette série si réussie.

    Bref, vous l'aurez compris : je ne peux que vous recommander ce programme coup de cœur et j'espère qu'Eric Toledano et Olivier Nakache imagineront une deuxième saison. 

    En thérapie, saison 1, 2021, 35 épisodes

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