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des romans adolescents - Page 9

  • Nous les menteurs de E. Lockhart

    Nous les menteurs

    de

    E. Lockhart

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    "Bienvenue dans la splendide famille Sinclair.

    Chez nous, il n'y a pas de criminels.

    Pas de drogués.

    Pas de ratés.

    Les Sinclair sont sportifs, beaux, sveltes. Nous sommes une vieille fortune. Nos sourires sont étincelants, nos mentons carrés, nos services de fond de court agressifs.

    Qu'importe si les divorces nous lacèrent le cœur au point que notre pouls se débat. Qu'importe si les comptes fiduciaires se réduisent comme peaux de chagrin; si les relevés de cartes de crédit impayés traînent sur la table de la cuisine. Qu'importe si les flacons de cachets s'amassent sur la table de nuit."

    Il était une fois un Roi, ses trois filles et ses sept petits enfants.

    Tout ce beau monde semblait avoir reçu au berceau les plus grands dons: beauté, fortune, intelligence...

    Tout ce beau monde se retrouvait sur leur île privée chaque été.

    Parmi ces élus, on distinguait un groupe en particulier:Johnny, Mirren, Gat et Cadence, la narratrice alias les Menteurs.

    Pendant deux mois, l'île résonnait de leurs éclats de rire et frémissait devant leurs 400 coups.

    Jusqu'au jour où le destin implacable a frappé ce royaume.

    En effet, Cadence a été retrouvée, amnésique, sur la plage.

    Depuis, le conte de fées a viré au cauchemar. Et, pendant deux longues années, elle a été bannie du domaine des Sinclair.

    Par autorisation spéciale du Roi, elle a été finalement réintroduite à la Cour.

    Ne lui restait qu'à prouver qu'elle méritait bien cette grâce.

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    Lorsque j'ai commencé à travailler au secteur jeunesse de ma médiathèque, on m'a fortement conseillé les ouvrages d'E. Lockhart. Et, je dois reconnaître que j'ai passé des heures délicieuses, plongée dans La fabuleuse histoire de la mouche coincée dans le vestiaire des garçons ou le Journal d'une allumeuse.

    Aussi, quand ce nouveau titre est paru et a reçu un accueil très favorable sur de nombreux blogs et dans la presse, j'étais plus qu'enthousiaste à le découvrir.

    Malheureusement, cette lecture a représenté le premier vrai flop de mon mois.

    Certes, je lui ai trouvé des qualités stylistiques indéniables. L'auteur entremêle habilement plusieurs schémas narratifs et plusieurs époques. S'intercalent ainsi des comptes-rendus des années passées sur l'île et des contes/paraboles dont la morale s'éclaire par la suite.

    De même, j'ai pas mal adhéré au concept de famille maudite. Avec ces Sinclair, on a l'impression d'assister à une descente aux enfers, digne de celle qui frappe, dans la mythologie grecque, les foyers et descendances d'Oedipe ou d'Agamemnon. Victime de leur "ubris", ils se condamnent à la décadence.

    Cependant, malgré cet aspect"roman à tiroirs" et cette tonalité hautement dramatique, je suis passée à côté de cet ouvrage.

    Peut-être parce que justement, je suis trop familière de ce procédé d'intrigue et que je n'ai pas été surprise par les retournements de situation

    Peut-être parce que, dès les premières pages, j'avais compris le mystère autour de cet été particulier et de l'amnésie de la narratrice (alors que tout, à l'instar d'un roman policier, ne doit être révélé que dans les ultimes lignes)

    Peut-être parce que je n'ai pas ressenti d'empathie ou d'intérêt pour cette héroïne

    Peut-être parce qu'en reprenant de nombreux codes ou en multipliant les références (par exemple, les tragédies grecques ou Roméo et Juliette), E. Lockart m'a perdue en chemin

    Peut-être parce que, même si les chapitres s'enchaînent très rapidement, j'ai laissé parfois mon imagination vagabonder, bien loin des péripéties décrites

    Peut-être parce que je n'ai pas compris les motivations derrière cette tragédie et que je n'aime pas rester dans le flou

    Peut-être parce que certaines scènes d'explication entre les Menteurs frisent la caricature

    Peut-être parce que tout a déjà été dit autour de ce genre de sujet et que je ne considère pas que la voix d'E. Lockhart amène quelque chose de neuf

    Peut-être parce que...

    Bref, vous l'aurez compris: ce livre  a représenté une vraie déception pour moi.

    Gallimard Jeunesse, 2015, 272 pages

     

     

     

     

  • L'île du crâne d'Anthony Horowitz

    L'île du crâne

    de

    Anthony Horowitz

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    "A l'heure du dîner au 3, villa Wiernotta.

    M. et Mme Eliot étaient à table avec leur fils David. Le repas se constituait ce soir-là d'un grand plat de chou cru assaisonné de sauce au fromage. M. et Mme Eliot ne mangeaient jamais de viande. L'atmosphère était franchement glaciale. L'après-midi même, dernier jour du premier trimestre, David était rentré au collège avec son carnet scolaire. La lecture n'en avait été guère réjouissante."

    Pour la énième fois, David Eliot vient d'être renvoyé de son collège. Excédés, ses parents ne savent plus quoi faire de lui. Quand un courrier arrive à leur domicile...

    Miracle! Il s'agit d'une proposition émanant de Groosham Grange: "Comme l'indique la brochure ci-jointe, nous sommes un pensionnat et nous offrons un environnement unique à des enfants âgés de douze à seize ans, qui se sont montrés réfractaires aux méthodes modernes d'enseignement."

    Emballés par cette offre, les Elliot acceptent immédiatement. Et voilà David envoyé dans une école très étrange sur la sinistre île du crâne.

    Heureusement, il n'est pas le seul néophyte. En effet, deux autres cas l'accompagnent: Jill et Jeffrey.

    Très vite, les trois amis vont être confrontés à des phénomènes étranges.

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    Groosham Grange

    Cela faisait longtemps que je me disais que je devrais me lancer dans ce classique de la littérature jeunesse anglaise mais je n'avais jamais encore eu l'opportunité.

    Ce qui m'a immédiatement frappée dans cet ouvrage, ce sont ses ressemblances avec Harry Potter. Pour preuve, on retrouve: un contexte familial difficile, une missive adressée par une mystérieux pensionnat, un groupe de trois nouveaux (deux garçons et une fille), des phénomènes étranges, des créatures extraordinaires....

    A croire que JK Rowling s'est inspirée de cet ouvrage publié en 1983 pour écrire son œuvre fondatrice....Mais elle a su créer un univers marquant, à côté duquel Groosham Grange paraît quelque peu fade.

    Pourtant, indéniablement, ce roman présente de nombreuses qualités. A commencer par le sens du rythme impulsé par Anthony Horowitz. J'ai découvert qu'il avait participé aux scénarii de nombreuses adaptations d'Agatha Christie pour la télévision. Et cela se ressent dans son écriture très cinématographique, tant au niveau du découpage, des dialogues que des descriptions. L'action ne souffre aucun temps mort.

    Pourtant, l'auteur parvient en quelques mots choisis à bien camper ces personnages. Et que dire de cette galerie de protagonistes quelque peu atypiques? Autour de David, Jill et Jeffrey, évoluent des professeurs et des élèves pas comme les autres.

    C'est ce que nos héros vont observer et accepter/rejeter au fil des pages. Ils vont mener une enquête sur le fonctionnement étrange de ce collège et croiser lors de leurs pérégrinations quelques sorciers ou vampires.

    Sous ces dehors fantastiques, l'Ile du crâne questionne également les thèmes de la différence et de l'acceptation de soi. Chacun à Groosham Grange a sans doute subi le rejet d'autres personnes avant d'intégrer la communauté. Et si, justement, le bonheur ne venait pas après avoir reconnu et assumé sa vraie nature?

    Je ne peux pas clore ce billet sans aborder la question de l'humour. Même s'il se pare d'une certaine aura mystérieuse, ce roman comporte avant tout une tonalité très drôle. En témoigne une des scènes introductives où Mme Eliot subit physiquement les maladresses de son compagnon. J'ai eu l'impression en les parcourant d'assister à des sketch so british à la Mr Bean.

    Bref, vous l'aurez compris: l'Ile du crâne constitue un bon divertissement, bien construit et bien écrit. Malheureusement, il souffre de la comparaison avec Harry Potter. Par conséquent, je ne sais pas si je me lancerai dans la suite des aventures de David et Jill.

    Le Livre de Poche, 180 pages

    Billet dans le cadre du mois anglais organisé par Titine, Lou et Cryssilda.

     

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  • Les Petites reines de Clémentine Beauvais

    Les Petites reines

    de

    Clémentine Beauvais

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    "Ça y est, les résultats sont tombés sur Facebook: je suis Boudin de Bronze.

    Perplexité. Après deux ans à être élue Boudin d'Or, moi qui me croyais indéboulonnable, j'avais tort.

    J'ai regardé qui a remporté le titre suprême. C'est une nouvelle, en seconde B; je ne la connais pas. Elle s'appelle Astrid Blomvall. Elle a des cheveux blonds, beaucoup de boutons, elle louche tellement qu'une seule moitié de sa pupille gauche est visible, le reste se cache en permanence dans la paupière. On comprend tout à fait le choix du jury.

    Le Boudin d'Argent a été décerné à une petite de cinquième, Hakima Idriss. C'est vrai qu'elle est bien laide aussi, avec sa moustache noire et son triple menton; on dirait un brochet."

    Avez-vous déjà entendu parler des Boudins? Ce sont les récompenses décernées chaque année au collège-lycée Marie Darrieussecq à Bourg-en-Bresse aux filles qui ont le plus brillé par leur laideur.

    Et, pour la première fois, la narratrice Mireille Laplanche n'a pas obtenu le titre. Elle a même rétrogradé en troisième place.

    Ce qu'elle n'avait pas prévu non plus, c'est que le palmarès lui donnerait l'occasion de se rapprocher des autres gagnantes.

    Bien vite, ces trois cibles des moqueries se retrouvent en plein de choses, notamment dans leur envie de "gate crasher" la garden-party du 14 juillet.

    Chacune a ses raisons: Mireille souhaite enfin faire la connaissance de son père biologique, le mari de "Barack Obamette", la Présidente de la République; Astrid désire assister au concert d'Indochine, son groupe préféré, et Hakima veut confronter l'ancien commandant de son frère sur une opération militaire catastrophe.

    Mais comment faire pour rejoindre la capitale? Et si ces trois "boudins" enfourchaient leurs bicyclettes et se transformaient en "petites reines" de la route?

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    J'avais déjà eu le plaisir de découvrir le talent de Clémentine Beauvais avec Comme des images et j'avais donc hâte de retrouver sa plume.

    Les Petites reines constituent un roman qui détonne dans la production actuelle. Dès les premiers pages et le début du monologue de Mireille Laplanche, notre narratrice pour toute l'aventure, on a la sensation de plonger dans une histoire pas banale. De celles qui se démarquent de toutes les autres qu'on a déjà pu rencontrer.

    Une histoire qui brasse une multitude de thématiques: difficulté à accepter son corps, moqueries des autres, recherche du père, solidarité, blessure de guerre, traumatisme d'être un survivant...

    Autant dire qu'avec de tels sujets, on aurait pu assister à une intrigue pleine de pathos. Mais il n'en est vraiment rien. Au contraire, tout l'ouvrage est placé sous le signe de l'humour.

    L'humour pour parler de ce qui est grave

    L'humour pour s'opposer à la méchanceté

    L'humour comme arme contre le regard des autres

    L'humour comme lien social...

    On rit donc souvent, au fil de cette épopée pas comme les autres.

    Après avoir bataillé contre leurs parents, les trois boudins obtiennent gain de cause et s'embarquent pour un voyage à vélo entre Bourg-en-Bresse et Paris. Un voyage pendant lequel (summum de l'autodérision), elles vont vendre des boudins noirs, blancs et...végétariens...

    A chaque étape, son lot de surprises, son contingent de nouveaux fans,....De belles rencontres qui contribuent à l'apprentissage de ces trois jeunes filles courageuses et leur donnent encore plus la force de s'assumer.

    Difficile de lâcher ce livre, une fois entamé, tant l'intrigue surprend, tant les dialogues ou les considérations de Mireille font mouche et tant on s'attache aux personnages!

    Cependant, je dois avouer que j'ai été un peu déçue par la conclusion de cette odyssée. J'ai trouvé que tout se résolvait de manière peut-être trop simple pour ces Cendrillons d'un jour et pour le beau Soleil, Kader, le frère d'Hakima. Je m'attendais notamment à autre chose concernant la confrontation entre Mireille et Klaus, son philosophe de père.

    Bref, vous l'aurez compris: malgré ce léger bémol, cet ouvrage se révèle une vraie petite pépite. On rit, on réfléchit et on quitte à regret ces trois battantes.

    Éditions Sarbacane, 2015, 270 pages