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the frenchbooklover - Page 66

  • Vera d'Elizabeth von Arnim

    Vera

    de

    Elizabeth von Arnim

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    "Lorsque le médecin fut parti, et que les deux femmes du village, restées seules là-haut, n'eurent rien d'autre à faire que patienter auprès de son père mort, Lucy sortit dans le jardin, alla jusqu'au portail et s'y accouda pour contempler la mer."

    Le père de Lucy vient de mourir. Il était le seul ancrage de sa vie et, face à sa perte brutale, elle se sent désemparée.

    Alors qu'elle s'est accoudée au portail de leur location, elle fait la rencontre de Mr Wemys. Ce dernier s'est exilé en Cornouaille après le suicide de sa femme Vera.

    "Il avait choisi la Cornouaille à cause de l'éloignement, car il faut une journée de train pour s'y rendre et une autre journée pour rentrer à Londres, ce qui écourtait la semaine; ce laps de temps que l'opinion publique exigeait pour son deuil. Mais il restait encore cinq journée solitaires, d'errances sur les falaises, à essayer de ne penser à rien, sans âme à qui parler, sans la moindre occupation. [...] Non, il ne pouvait plus supporter cela, car il lui fallait parler à quelqu'un. Cette jeune fille, avec ses yeux étranges, n'était pas tout à fait comme les autres. Elle ne refuserait pas qu'il s'assît dans le jardin, auprès d'elle, un instant. Elle comprendrait..."

    Très vite, entre ces deux êtres confrontés à un deuil accablant, se noue une relation forte. Tellement forte que quelques mois plus tard, ils décident d'unir leur destin.

    Mais leur alliance peut-elle vraiment résister à leur installation aux "Saules", la maison de Wemys? Celle où l'ombre de Vera plane encore....

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    Il s'agit du premier roman d'Elizabeth von Arnim que je découvre. D'emblée, j'ai été frappée par les ressemblances avec le Rebecca de Daphné du Maurier. Vera lui est antérieur mais on retrouve dans les deux œuvres plusieurs points de convergence: une union éclair, un écart d'âge entre les deux conjoints, une femme disparue mais qui continue de hanter les vivants, des doutes autour des circonstances de sa mort...

    Cependant, malgré ce canevas commun, les deux intrigues ne continuent pas dans la même veine. Point de Mrs Danvers, par exemple. Non, cet ouvrage s'intéresse plutôt aux rouages du mariage.  

    Avec une cruauté implacable, l'auteur dissèque la mécanique de ce couple. De la première rencontre aux premières déclarations, de la lune de miel au retour à la réalité, rien n'échappe à son œil acéré.

    Nous les suivons ainsi sur un an, des drames qu'ils viennent de vivre à....Mais je vous laisserai découvrir la conclusion de ce huis-clos.

    En effet, alors que ce livre s'ouvrait dans un espace aéré, un jardin avec vue sur la mer, il se conclue dans un espace clos, une pièce d'une maison. Pour mieux illustrer sans doute l'enfermement de l'héroïne...

    Cette dernière, petit à petit, renonce à toute liberté pour se placer sous le joug d'Everard Wemys.

    Il est rare d'ailleurs qu'un personnage principal masculin ait provoqué autant de rejet chez moi. De prime abord, j'ai été émue par la tragédie qui le frappait. Puis, au fil des pages, j'ai mieux compris les ressorts de sa personnalité, son égoïsme profond, sa volonté d'écraser et d'asservir à son bon vouloir tous ceux qui l'entourent...Cette aversion est d'autant plus forte qu'Elizabeth von Arnim nous fait connaître la moindre des pensées de cet anti-héros.

    Effectivement, elle a choisi de nous plonger, tour à tour, dans la tête de ses trois personnages principaux, Everard, Lucy mais aussi Miss Entwisthle, la tante de Lucy, qui assiste, impuissante, à l'emprisonnement progressif de sa protégée.

    A ce schéma narratif assez explicite quant aux intentions de ses héros, elle choisit d'entremêler des zones d'ombre. Comme celles autour de la disparition de Vera...Ce qui inquiète forcément le lecteur...Et si Everard était capable de tout?

    Le doute règne jusqu'au bout...Et on ressort de cette lecture, glacés et inquiets...

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai trouvé ce roman de la tyrannie conjugale très intéressant. Mais, même si j'en reconnais les qualités tant psychologiques que stylistiques, je n'ai pas eu de coup de cœur. Sans doute car le sujet m'a trop heurtée...Et que je n'aime pas les fins ouvertes...

    Éditions 10/18, 286 pages

    Billet dans le cadre du challenge A year in England organisé par Titine.

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  • Les Neuf géants d'Edward Marston

    Les Neuf géants

    de

    Edward Marston

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    "Atterré, Lawrence Firethorn contempla le corps de son épouse et exhala un soupir de désespoir qui donna le frisson à tous ceux qui l'entendirent. Vacillant devant la silhouette prostrée de sa toute jeune femme, arrachée à lui au soir de leurs noces, il hurla comme un animal blessé et leva des mains suppliantes vers le ciel."

    Nicholas Bracewell doit affronter plusieurs situations périlleuses. Non seulement sa troupe, les Hommes de Westfield, est menacée d'expulsion par l'aubergiste de la Tête de la Reine, mais il doit aussi porter secours à un apprenti chapelier, poursuivi par des meurtriers.

    Et si tout cela ne suffisait pas, voilà qu'il découvre un cadavre atrocement mutilé et abandonné dans les eaux boueuses de la Tamise....

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    Après avoir laissé Nicholas Bracewell sur la Route de Jérusalem, j'ai eu plaisir à le retrouver pour ce quatrième opus dans les rues de la capitale anglaise.

    Même si je dois confesser que j'ai été moins emballée par cette aventure que par les précédentes. J'ai remarqué que, parfois, le défaut des polars historiques résidait dans la trop grande importance accordée au contexte et aux protagonistes, au détriment de l'intrigue policière.

    Et c'est exactement sur cet écueil que ce tome a buté. Comme dans les titres précédents, Edward Marston démontre son talent pour nous plonger dans le monde du théâtre élisabéthain.

    Ainsi, on en apprend plus sur la difficulté des troupes, sur la nécessité pour elles d'avoir un endroit de référence où faire venir le public, sur l'importance des choix des pièces, sur le rôle des protecteurs....

    A cette peinture de l'univers des saltimbanques se superpose toute une description de la vie politique londonienne et des combats menés pour obtenir le titre de maire. Toute cette partie m'a passionnée.

    De même, j'ai beaucoup apprécié les ressorts comiques développés au fil des chapitres. L'auteur s'amuse à reprendre les codes de la farce et nous livre quelques scènes vaudevillesques très réussies. Je fais notamment référence à un morceau d'anthologie: le duel entre le très cabotin Lawrence Firethorn et un batelier, qui se prétend poète. J'ai beaucoup ri!

    Venons en maintenant aux bémols...Comme vous vous en doutez, j'ai jugé que l'intrigue policière n'était pas des plus réussies. Meurtres et complots s'enchaînent sans jamais vraiment accrocher l'intérêt du lecteur...Et le rebondissement, quelque peu attendu, ne m'a pas convaincue.

    De plus, selon moi, un des avantages des séries réside  dans les retrouvailles avec les protagonistes et dans l'avancée de leurs interactions. Or, dans ce roman, même si on revoit avec plaisir Nicholas, Lawrence..., on a l'impression de ne pas les voir évoluer. Comme si leur caractère était figé et comme si les comédiens n'avaient plus qu'un seul type de rôle...et donc de réaction. Dommage car j'aurais préféré que leur psychologie soit un peu plus creusée.

    Bref, vous l'aurez compris: cette lecture, même si elle m'a intéressée sur le plan historique, ne me laissera pas un souvenir impérissable...

    Editions 10/18, 275 pages

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Shelbylee

     

     

     

  • Quelqu'un qu'on aime de Séverine Vidal

    Quelqu'un qu'on aime

    de

    Séverine Vidal

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    "Dans les jours qui ont suivi la naissance d'Amber, Dixie était sûre de s'en sortir toute seule. D'y arriver. Elle se doutait bien que rien ne serait facile-faudrait être naïve, quand on a dix-huit ans et un bébé dans le ventre, pour penser que la vie va s'écouler tranquille, sans accros, ni moment de solitude inouï"

    Cela fait quelque temps déjà que Matt désire partir avec son grand-père et refaire les mêmes étapes que la tournée de Pat Boone en 1958.

    Car la mémoire de Gary s'effiloche et que bientôt les souvenirs n'auront plus la même consistance.

    Cependant, Matt était loin d'imaginer à quel point ce voyage allait bouleverser sa vie et celle de son aïeul.

    Un bébé/Une tempête/Un van/Deux passagers supplémentaires/Des paysages/De la musique/Un lent apprivoisement/Du partage/Des rires/Des pleurs aussi/De l'amour/Des surprises....

    Voilà le programme de ces deux mois....Et au bout du chemin...Qui sait?

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    Ce roman, je l'attendais...

    Parce que la couverture est juste sublime...

    Parce que le titre interpelle...

    Parce que j'avais apprécié la plume de Séverine Vidal dans le très joli album L'oeil du pigeon...

    Aussi, je l'ai emprunté dès son arrivée à la médiathèque et j'ai embarqué avec beaucoup de plaisir à bord de la Vasse.

    Je l'ai lu d'une traite, tant j'étais absorbée par l'histoire.

    Depuis tout jeune, Gary nourrit une vraie passion pour Pat Boone. Avec des amis, il l'a même suivi lors de sa tournée de 1958.

    Aussi, son petit-fils Matt aimerait l'emmener sur les traces de sa mémoire en fuite, à la recherche de ces instants précieux qui ont marqué sa vie.

    Il n'avait juste pas prévu qu'il emporterait avec lui sa fille de dix-huit mois, Amber, dont il vient d'apprendre l'existence.

    Ni qu'une tempête de neige au Texas l'obligerait à renoncer à leur vol et à louer un van huit places.

    Ni que Luke et Antonia, un adolescent et une trentenaire, se joindraient à eux...

    J'ai beaucoup apprécié la structure chorale de cet ouvrage. Chaque voix résonne en nous, s'entremêle aux autres et permet de mieux comprendre la personnalité ou les attentes de chacun.

    De même, ce procédé narratif donne l'occasion à Séverine Vidal d'aborder une multitude de thématiques: la recherche de soi, la maladie d'Alzheimer, la paternité, les liens intergénérationnels, l'amour, l'amitié, la solidarité...

    Sa petite musique, à la fois sobre et pudique, touche forcément notre corde sensible, sans jamais sombrer dans le pathos.

    Tour à tour, on rit, on s'émeut, on verse des larmes, on s'attache, on espère...

    Que cette maladie ne dépassera jamais le stade 1/Que chacun, au bout de la route, trouvera le destin dont il rêve...

    Les pages se tournent toutes seules, les kilomètres s'accumulent et déjà....c'est la fin de ce "road book", qui m'a rappelé, par sa générosité et sa poésie, le film Little Miss Sunshine.

    Heureusement, malgré la déchirante séparation avec ces personnages si forts, malgré le sentiment d'un trop peu, on a l'impression d'être encore avec eux...En effet, certaines scènes se rejouent longtemps en nous.

    Comme celle des falaises:

    "Et Gary, avait ajouté, en remontant le col de sa veste:

    -Des falaises fragiles, en sursis, voilà ce qu'on est"

    Bref, vous l'aurez compris: Quelqu'un qu'on aime est un ouvrage profondément humain qui tient toutes ses promesses. Il remue, il amuse, il nous fait nous sentir bien....Tout simplement....Et il constitue LE coup de cœur de ma rentrée.

    Sarbacane, 2015, 202 pages

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