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the frenchbooklover - Page 92

  • Le Cadeau de la princesse qui avait déjà tout

    Le Cadeau de la princesse qui avait déjà tout

    de Hubert Ben Kemoun

    illustré par Cécile Becq

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    "Ce jour-là, au-dessus du grand palais, le ciel hésitait.

    Depuis la nuit, il s'était chargé de gros nuages sombres, et pour le moment il n'avait pas encore choisi entre la pluie et la neige...

    Mais ce jour-là, le ciel n'était pas le seul à hésiter..."

    En effet, ce jour-là, les préparatifs de l'anniversaire de la princesse Latika vont bon train.

    "Pourtant, ce jour-là, le roi Hector savait que tout pouvait être raté. Malgré le festin, la fête, le spectacle, il manquait quelque chose. Quelque chose de plus important que la plus belle des musiques, que le plus succulent des gâteaux d'anniversaire. Il manquait...le cadeau! Que pouvait-on offrir à celle qui avait déjà tant? se lamentait Hector en arpentant les kilomètres des couloirs de son immense palais."

     

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    Robes, lorgnette astronomique, pur-sang: toutes les idées de cadeaux sont ainsi déclinées par la princesse.

    Bien embêté, le roi se couche sans avoir trouvé la moindre idée.

    "Le ciel s'était décidé dans la nuit.

    Il avait choisi la pluie.

    Le roi Hector aussi s'était décidé."

    Après une journée de promenade à cheval en solitaire, il revient dans son palais et convoque sa fille pour un rendez-vous à l'aube sur le pont-levis de l'entrée ouest.

    Son cadeau l'attend au centre de la forêt, près du grand cèdre bleu, au bord de l'étang vert.Et Latika doit aller le chercher toute seule.

    Commence alors pour elle un long périple...qui va tester toutes ses limites et lui donner une très belle leçon de vie.

     

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    J'avais remarqué cet album sur un blog (malheureusement, je ne me souviens plus de son nom) et j'avais immédiatement eu envie de le commander pour la médiathèque où je travaille. Aussi, j'ai été ravie quand il est arrivé et je n'ai pas tardé à l'entamer.

    Dans ce conte, il est question d'une princesse vive, intelligente, aimée dont le plus gros défaut est de déjà tout posséder et d'avoir oublié le sentiment de manque.

    Quand son anniversaire approche à grands pas, il se révèle donc bien difficile pour son entourage de choisir un cadeau. Son père qui l'adore se torture les méninges jusqu'à trouver une solution très coûteuse...

    Avec cette histoire, on réfléchit donc sur les notions de besoin, de gaspillage, d'envie, de manque. Et sur la société de consommation actuelle.

    Mais, à côté de ces thèmes forts, s'impose également le sujet de l'amour paternel. Cet amour sans conditions et prêt à tous les sacrifices du roi Hector pour protéger sa fille tout en la faisant avancer sur le chemin de la sagesse.

    Comme vous avez pu le deviner, j'ai beaucoup aimé cette intrigue.

    De plus, le langage de Hubert Ben Kemoun se révèle extrêmement poétique et accompagne à parfaitement cette histoire.

    Tout comme les illustrations de Cécile Becq tout en rondeur et aux teintes très douces qui se marient à merveille avec la leçon donnée à la princesse Latika.

    Bref, vous l'aurez compris: le Cadeau de la princesse qui avait déjà tout constitue un très beau conte et invite à la réflexion.

    Albin Michel Jeunesse, 2014

    Billet dans le cadre du challenge Il était une fois...les contes de fées de Bianca

     

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  • Southampton Row

    Southampton Row

    de

    Anne Perry

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    "-Je suis désolé, dit le préfet adjoint Cornwallis avec accablement. J'ai tout essayé, opposé tous les arguments moraux et légaux. Mais, face au Cercle intérieur, je ne suis pas de taille.

    Debout au milieu du bureau inondé de soleil, Pitt était sidéré. Les vitres atténuaient à peine les claquements des sabots sur les pavés et les cris des cochers tandis que les bateaux de plaisance, croisaient sur la Tamise par cette belle journée de juin."

    Après la conspiration de Whitechapel, Thomas Pitt a récupéré son grade de commissaire divisionnaire à Bow Street. Mais ce soulagement est de courte durée car, très vite, certainement sous l'influence du Cercle intérieur, notre héros se retrouve une nouvelle fois déchu. Comme lors du précédent opus, il rejoint les rangs de la Special Branch.

    Sous les ordres de Narraway, il doit entreprendre une nouvelle mission: prévenir l'élection de Voisey, le présumé chef du Cercle intérieur et désormais son ennemi le plus implacable, au siège de South Lambeth.

    Un challenge de taille pour notre ex-commissaire. Surtout qu'il ne connaît pas grand chose aux arcanes du monde politique. Certes, il va pouvoir compter sur le soutien de son beau-frère, Jack Radley, pour l'initier. Et sur celui de Tante Vespasia et d'Emily.

    Cependant, à chaque faux pas, le danger le guette et menace ses proches....

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    Vous vous en souvenez peut-être: après quelques aventures en demi-teinte, j'avais été favorablement impressionnée par le dernier tome La Conspiration de Whitechapel. Aussi, j'attendais beaucoup de ces retrouvailles avec les Pitt ce mois-ci.

    Et je dois confesser que j'ai été quelque peu déçue. Notamment par la lenteur de la mise en place de l'intrigue. Dans les premiers chapitres, on assiste à la destitution de Thomas; au départ de Charlotte, Gracie et des enfants dans un endroit reculé à la campagne; au début des investigations sur Voisey...Et j'ai trouvé que cela traînait un peu en longueur.

    Le meurtre de Maud Lamont donne une sorte d'impulsion à l'histoire et accélère quelque peu le rythme (sans jamais le rendre aussi palpitant que dans d'autres volets). Il permet également à Anne Perry d'évoquer le monde du spiritisme en cette fin de 19ème siècle. Techniques, astuces, séances, escroqueries, opposition avec l'Eglise anglicane sont ainsi abordés.

    De même, on plonge dans l'atmosphère qui devait régner dans les sphères politiques au moment d'élections déterminantes. Au fil des pages, on comprend mieux les oppositions entre libéraux et conservateurs, l'importance de la question du Home rule. On assiste à des meetings, à des soirées entre candidats, à des renversements d'alliance...

    Tout ce contexte m'a vivement intéressée. En revanche, j'ai regretté l'absence de Charlotte et de Gracie. Tout comme j'aurais aimé assister à plus de scènes avec Vespasia.

    Ce qui m'a frappé dans ce tome, c'est sa tonalité sombre. Une tonalité déjà présente dans la Conspiration de Whitechapel mais qui se confirme ici. Thomas Pitt a engagé un combat contre un ennemi implacable.Tous les moyens sont bons pour mettre l'adversaire hors de nuire: chantage, menace, intimidation, pression sur les proches, surveillance...Le danger n'est jamais loin et avec l'introduction d'un rival de Voisey dans le Cercle intérieur, on a l'impression que la bataille va se révéler de plus en plus ardue. Je me demande d'ailleurs quels futurs obstacles vont se présenter et je pense ne pas être au bout de mes surprises.

    Billet dans le cadre du challenge Anne Perry et d'une lecture commune avec Bianca, Céline et Fanny.

    Editions 10/18, 2012, 396 pages

     

     

  • Un Eté avec Louise

    Un Été avec Louise

    de

    Laura Moriarty

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    "La première fois que Cora entendit le nom de Louise Brooks, elle attendait la fin d'une averse dans une Ford T garée devant la bibliothèque municipale de Wichita. Si Cora avait été seule et avait eu les mains libres, elle se serait peut-être élancée à travers la pelouse pour gagner l'escalier de pierre de la bibliothèque. Mais ce jour-là, avec son amie Viola Hammond, elles avaient passé la matinée à faire du porte-à-porte dans leur quartier afin de collecter des livres pour la nouvelle salle de lecture dédiée aux enfants, et le fruit de leurs efforts conséquents se trouvait à l'abri, et au sec, dans quatre caisses sur la banquette arrière"

    Août 1922, Cora Carlisle entend parler pour la première fois de Louise Brooks, une adolescente de 15 ans qui souhaite suivre des cours dans une académie de danse renommée de New York mais ne peut s'y rendre sans un chaperon.

    Alors que rien ne l' y obligeait, Cora se propose de remplir cette mission. Et la voilà embarquée à l'autre bout des États-Unis avec une jeune fille que rien n'arrête dans ses désirs et qui ne se soucie guère des conséquences de ses actes sur sa réputation.

    Choc des cultures...Choc des générations...Ou comment cinq semaines vont faire évoluer ces deux personnages féminins...

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    J'avais remarqué ce roman sur l'excellent blog de ma copinaute Bianca. De même, une de mes collègues me l'avait très fortement conseillé. Aussi, quand je l'ai vu passer à la banque de prêt, je n'ai pas hésité longtemps avant de l'emprunter et de me lancer dans ce voyage.

    J'ai beaucoup apprécié le principe d'utiliser ces deux protagonistes principaux (Cora et Louise) pour illustrer deux visages de la femme au début des années 20. Autant Cora paraît incarner la génération passée, celle qui se soucie des convenances, du regard des autres, celle qui persiste à se coiffer de lourds chignons et à revêtir des corsets, autant Louise symbolise le futur avec sa coupe à la garçonne, sa silhouette libérée de toute entrave et son désir de profiter de sa vie comme bon lui semble, loin de tout diktat.

    Forcément, avec deux personnages aussi antagonistes, la cohabitation ne s'annonce pas aisée. Ce qui permet au lecteur d'assister à de nombreuses scènes très drôles où Louise bouscule quelque peu Cora dans ses habitudes (je pense notamment à celle du repas en compagnie de deux inconnus dans le wagon-restaurant)

    Cora nous amuse avec ses principes un peu datés. Mais, bien vite, quand on creuse un peu en profondeur derrière ce vernis policé, se dessine le portrait d'une femme blessée par les épreuves de la vie. En effet, si elle a choisi d'accompagner Louise à New York, c'est pour retrouver la trace de sa vraie mère. Une enquête sur ses origines qui va la mener sur des chemins qu'elle n'aurait pas soupçonnés.

    On s'attache à elle et on aime la voir évoluer au fil des pages, s'affranchir en secret de certains usages et connaître le bonheur.

    Le mot secret revêt d'ailleurs une importance primordiale tout au long des chapitres. Dans cette société américaine des années 20 en pleine mutation, il existe de nombreux tabous. Notamment autour des origines ou de la sexualité. Le mari de Cora et Louise vont en faire les frais.

    Comme vous l'aurez deviné, un autre intérêt de ce roman réside dans la découverte de la vie de Louise Brooks. J'avais déjà entendu parler de cette actrice sans jamais avoir regardé un de ses films et je dois avouer que j'ai été stupéfaite par son destin.

    En revanche, j'ai moins accroché avec toute la partie finale, après le retour de New York. En effet, Laura Moriarty a décidé de retracer en quelques chapitres tous les événements capitaux de l'existence de Cora. Et cette accélération dans le rythme de la narration ne m'a pas beaucoup plu. J'ai eu l'impression que tout était précipité, ce qui m'a dérangé.

    Bref, vous l'aurez compris: Un été avec Louise constitue un intéressant portait de femme et permet de passer un bon moment de lecture.

    Fleuve Noir, 2013, 405 pages

    Billet dans le cadre des challenges Au service de...et Un pavé par mois

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