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des romans français - Page 11

  • Je peux très bien me passer de toi de Marie Vareille

    Je peux très bien me passer de toi

    de

    Marie Vareille

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    "Journal de Constance Delahaye

    13 février 2013-20h45

    Anniversaire de Greg annulé à la dernière minute pour cause de migraine atroce. Je serai au lit d'ici quinze minutes avec Raison et sentiments et ma nouvelle tisane anti-gueule de bois verveine-menthe-citrate-de-bétaïne."

    Constance et Chloé se sont toutes les deux connues à un club de lecture. Outre leur passion pour la littérature, elles partagent aussi une certaine propension aux échecs sentimentaux. Alors que Chloé collectionne les histoires d'un soir, Constance traverse une période de désert affectif. A l'approche de la trentaine, elles décident donc de passer un pacte: Chloé s'exilera à la campagne pour se consacrer à l'écriture d'un roman sans laisser aucun homme l'approcher et, au contraire, Constance séduira un inconnu pour une nuit.

    Et si cet engagement réciproque leur permettait de vraiment influer sur le cours de leurs existences respectives?

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    Voilà déjà quelque temps que j'apercevais sur la blogosphère de très bonnes critiques autour de cet ouvrage. Aussi, quand il est arrivé dans la médiathèque parisienne que je fréquente, j'ai été ravie de pouvoir l'emprunter.

    Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de cette intrigue.

    Sans doute car elle aborde la question que toute trentenaire se pose à un moment ou à un autre: fais-je les bons choix?

    En effet, Constance et Chloé cumulent les erreurs, aussi bien sentimentales que professionnelles. Et, page après page, elles vont tenter d'apprendre à enfin prendre les bonnes décisions. Celles qui se révéleront bénéfiques pour leur futur.

    Roman d'apprentissage donc, roman de quête également...De son identité, de son bonheur.

    A ces thématiques essentielles de développement de soi se greffent des intrigues amoureuses, dignes de toute bonne chick-litt. Premier rendez-vous, mauvais choix, maladresse dans les approches, aveuglement des personnages...Autant d'ingrédients dignes des meilleures comédies romantiques que l'on retrouve au fil des chapitres.

    On s'interroge, on rit beaucoup (notamment lors des cours de séduction de Constance alias Icequeen)...On cherche aussi les références littéraires et cinématographiques. En effet, il m'a semblé que Marie Vareille, tout au long de son intrigue, distillait de nombreux hommages. A commencer par celui de la première page: la comparaison implicite entre Constance-Chloé et Elinor-Marianne Dashwood de Raison et sentiments.

    Un des autres atouts de ce roman réside dans son schéma narratif : une alternance de points de vue entre Constance et Chloé. Et deux modes de récit pour suivre leur parcours: des fragments du journal intime de Constance et une narration à la première personne pour Chloé. J'ai trouvé ce procédé stylistique très habile car non seulement, il dissocie bien les deux voix mais il empêche toute tendance à la répétition et donc toute lassitude.

    Autour des deux héroïnes évolue toute une galerie de personnages attachants. De Guillaume, l'ex dépassé de Chloé à Vincent, le voisin viticulteur à Mamie Rose, la grand-mère résolument moderne ou Charlotte, la meilleure amie de Chloé, tous pourraient appartenir à notre entourage. Par conséquent, tous sonnent juste.

    De même, j'ai beaucoup apprécié la mise en abîme autour de l'écriture. Comme si Chloé se faisait le double de Marie Vareille.

    "Depuis que je suis toute petite, depuis que Mamie Rose m'a mis mon premier livre entre les mains, j'ai su ce que je voulais faire de ma vie. Je voulais raconter des histoires qui font rire les enfants, qui finissent bien, des romans dans lesquels on se blottit pour oublier la réalité. Je voulais emmener les rêveurs, dans des contrées lointaines, quand tout le monde dort depuis longtemps, qu'il ne reste plus que le murmure des pages qu'on tourne dans le silence de la nuit, encore un chapitre, juste un seul, un dernier."

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai eu un coup de cœur pour Je peux très bien me passer de toi. Un roman résolument feel-good qui conjugue romantisme et réflexions autour du temps qui file et des réalisations personnelles à mener. Je sais déjà que je me replongerai avec plaisir dans d'autres titres de cet auteur...et que ce livre, je vais beaucoup l'offrir à mes amies qui se reconnaitront sans doute un peu dans Constance ou Chloé voire les deux.

    Et pour conclure, cette jolie citation d'Oscar Wilde qui sert d'épigraphe.

    "Never love anyone who treats you like you're ordinary"

    Editions Charleston, 2015, 317 pages

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  • Jézabel d'Irène Nemirovsky

    Jézabel

    un roman d'Irène Nemirovsky

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     "Une femme entra dans le box des accusés. Elle était belle encore, malgré sa pâleur, malgré son air hagard et las: seules, les paupières, d'une forme délicieuse, étaient fanées par les larmes et la bouche affaissée, mais elle paraissait jeune. On ne voyait pas ses cheveux cachés sous le chapeau noir.

    Elle porta machinalement ses deux mains à son cou, cherchant, sans doute, les perles du long collier qui l'avait orné autrefois, mais son cou était nu; les mains hésitèrent; elle tordit lentement et tristement ses doigts, et la foule haletante qui suivait des yeux ses moindres mouvements fit entendre un sourd murmure."

    Gladys Eysenach comparaît pour le meurtre de Bernard Martin, un jeune étudiant de vingt ans. Elle lui aurait tiré dessus la nuit de Noël, dans sa chambre. Tout semble indiquer un crime passionnel.

    Défilent à la barre des témoins sa femme de chambre, son fiancé, son amie...L'accusée entend leurs propos, subit leurs attaques...Jusqu'au verdict du jury.

    Reviennent ensuite ses souvenirs, de son entrée dans le monde à cette veillée fatale.

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    Jusqu'à présent, je n'avais lu qu'un roman d'Irène Nemirovsky: Suite française. Un ouvrage qui m'avait bluffée tant par sa construction que par son style. Aussi, quand Martine a publié un très beau billet sur ce titre, elle a suscité mon envie de replonger dans l’œuvre de cette auteure.

    Jézabel s'ouvre dans un tribunal. Une procédure pénale à l'encontre de l'héroïne comme prologue. Des voix qui s'entremêlent pour dire leur vérité sur Gladys Eysenach.

    Se dessine ainsi le portrait d'une femme qui ne fait pas son âge et qui a cherché toute sa vie les plaisirs de l'amour. Mais pourquoi a t elle tué celui que tout le monde semble désigner comme son amant?

    "Ma Mère Jézabel devant moi s'est montrée"

    Difficile cependant de se faire une idée du véritable caractère de celle que tout condamne et des motivations derrière son acte.

    Puis, le chapitre premier débute. Et le lecteur est invité à suivre le destin de Gladys.

    "Il reste toujours au fond du cœur le regret d'une heure, d'un été, d'un court moment, où l'on atteint sans doute le point de floraison"

    Ce point de floraison, c'est une saison. Celle de ses débuts, à dix-huit ans, où elle découvre sa beauté et où elle constate le pouvoir de séduction qu'elle exerce sur les hommes.

    Un acte fondateur dont va découler tout le reste de son existence. Car notre protagoniste refuse les ravages du temps sur son physique et sur l'attrait qu'elle peut avoir. Elle a sans cesse besoin de sentir les regards admiratifs sur elle.

    Une obsession qui va la conduire maintes fois à des drames personnels. Une obsession qui va aussi pervertir son rapport avec sa fille.

    Irène Nemirovsky brosse donc le portrait cruel d'une femme qui ne se définit que par le désir des autres. Au risque de tout perdre et de commettre le pire.

    Les pages se tournent toutes seules, on est souvent choqués par le comportement de cette Jézabel. Et en même temps, envahis à plusieurs reprises par une certaine pitié.

    Outre son style percutant, cette œuvre frappe par sa profonde modernité, sa réflexion sur le diktat des apparences qui conduit parfois à la folie et par le choix d'une héroïne que l'on plaint mais que l'on déteste surtout.

    Bref, vous l'aurez compris: même si je n'ai pas eu le même coup de cœur que pour Suite française, j'ai été marquée par ce court et sombre roman.

    Le Livre de Poche, 217 pages

     

  • L'ombre de nos nuits

    L'ombre de nos nuits

    de

    Gaëlle Josse

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    « A Lunéville, en Lorraine, en ces premiers jours de l’année 1639. »

    Tout est prêt. Les grandes lignes, les principaux volumes sont posés. J’ai la main engourdie et le feu est presque éteint dans l’atelier, seules quelques braises persistent à diffuser leurs lueurs rouges sous la cendre. Combien de temps ai-je passé là ? Je ne sais pas. Ce n’est plus la peine d’ajouter une bûche maintenant, ce serait une dépense inutile. Le soir tombe, il fait trop sombre pour continuer. »

    En ce début de l’an 1639, Georges de la Tour s’attelle à la réalisation d’un Saint Sebastien soigné par Irène. Il entend présenter cette toile au Roi de France et devenir ainsi peintre officiel à la Cour.

    Des siècles plus tard, une femme visite le musée de Rouen et tombe en arrêt devant ce tableau. Les expressions du martyr et d’Irène lui rappellent la passion douloureuse qu’elle a vécue pour un homme insaisissable et excessif.

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    De Gaëlle Josse, j’avais adoré les Heures silencieuses et j’espérais retrouver les mêmes qualités dans cet opus.

    En outre, je suis généralement adepte des histoires enchâssées qui se font écho et qui, parfois, se rejoignent pour donner sens à l’intrigue principale.

    Dans ce récit, deux époques s’entremêlent : le début du 17ème siècle où le lecteur assiste à la genèse d’une toile dans l’atelier de Georges de la Tour et l’ère contemporaine où une femme revient sur son idylle avec un amant qu’elle ne semble pas capable d’oublier.

    Le lien entre ces deux histoires ? Ce Saint Sébastien soigné par Irène. L’un le peint, l’autre l’observe.

    Et, dès les premières pages, ce lien ne m’a pas convaincue. Même si je reconnais qu’une œuvre d’art peut servir de déclencheur de souvenirs, la connexion ici m’a semblé par trop artificielle. J’aurais préféré que l’auteur fasse le choix entre les deux axes narratifs.

    Un déséquilibre s’est donc opéré, au fil de ma lecture. Autant la partie plus ancienne m’a passionnée, autant je ne me suis pas intéressée à cette confession de l'héroïne plus actuelle.

    « J’aime le silence qui accompagne la nuit, j’aime le feu, l’ombre et leur danse, ils se cherchent, s’évitent, s’enlacent. Le silence qui accompagne nos vérités. Je n’ai pas besoin de grand-chose d’autre, quand j’y pense. »

    Ainsi retentit la voix de Georges de la Tour, qualifié par ses proches de « maître du Silence »

    « Je n’ai qu’un peu de beauté à offrir au monde, celle du tremblement d’une flamme dans la nuit. Peut-être est-ce dérisoire mais c’est mon seul talent. »

    On suit son processus créatif, son quotidien également, le travail de ses apprentis…Pour mieux souligner encore son génie et décrire d’autres coulisses, la voix du maître laisse parfois la place à celle de son second apprenti, un garçon qu’il a recueilli dans la rue, après que la peste a décimé toute sa famille.

    Dans le silence de l’atelier, le fracas de la guerre, tout comme les épidémies, n’ont pas leur place.

    Sauf quand les portes s’ouvrent sur le monde extérieur. Notamment lors de ce trajet de la Lorraine à Paris pour montrer le résultat de ce Saint Sébastien au Roi.

    A chaque fois, j'ai quitté à regret cette narration. Je ne dirai que peu de choses sur l’autre. Car je n’ai pas accroché. Une impression de déjà vu. Une impression de décalage pour moi avec l’autre volet. Un lien trop ténu aussi ou que je n’ai pas réussi assez à identifier.

    Bref, vous l’aurez compris : malgré son très beau style, ce livre m’a laissé une impression mitigée. Et je regrette vraiment que Gaëlle Josse ne se soit pas concentrée sur Georges de la Tour.

    Les Éditions Noir sur Blanc, janvier 2016