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the frenchbooklover - Page 161

  • Gatsby de Francis Scott Fitzgerald

    Gastby le magnifique

    de

    Francis Scott Fitzgerald

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    "Quand j'étais plus jeune et plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je n'ai jamais cessé de retourner dans ma tête depuis lors.

    "A chaque fois qu'il te prendra l'envie d'émettre des critiques sur quelqu'un, m'a-t-il-dit, souviens-toi que tout un chacun ici-bas n'a pas joui des mêmes privilèges que toi""

    Au printemps 1922, Nick Carraway, issu d'une famille aisée et respectable du Middle West, décide de partir faire carrière à New York dans le marché obligataire.

    Il trouve à louer un pavillon à West Wegg, une ville de la périphérie.

    Sa maison est voisine de la colossale propriété du mystérieux Gatsby. Un homme dont les fêtes attirrent toute la population locale et sur lequel les plus folles rumeurs courent. On le prétend cousin du Kaiser Guillaume, espion, meurtrier...

    Personne ne sait vraiment qui il est. Jusqu'au jour où Nick reçoit une invitation à une de ses fêtes et fait sa connaissance...

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    Cela faisait longtemps que je voulais relire Gastby. Un roman que j'avais adoré au sortir de l'adolescence et dont je voulais voir la prochaine adaptation au cinéma par Baz Luhrmann.

    Aussi, j'ai été ravie quand Bianca et Fanny m'ont proposé de faire cette lecture commune.

    Tout d'abord, j'ai beaucoup apprécié le mode narratif choisi par l'auteur. Toute l'histoire est contée par Nick Carraway. On ne découvre donc que les évènements auxquels il a assisté ou qui lui ont été relatés. Ce schéma induit des ellipses narratives. A certains moments, le lecteur ignore ce qui s'est passé entre tel et tel personnage. Et je trouve que ce mystère que chacun peut combler à sa manière confère beaucoup de charme à l'intrigue.

    Grâce à son installation à West Egg, Nick renoue des liens avec sa cousine au second degré, Daisy, mariée à une de ses connaissances universitaires, Tom Buchanan.

    "[Daisy] avait un beau visage mélancolique et semé de lumière-lumière de ses yeux, lumière de sa bouche passionnée-, mais sa voix avait une ferveur que ceux qui l'avaient aimée avaient du mal à oublier: une mélodie envoûtante, un chuchotis qui disait "écoutez-moi", l'assurance qu'elle venait de vivre des moments délicieux et passionnants dans l'heure qui allait suivre"

    Le mariage des Buchanan ne semble pas des plus heureux. La maîtresse de Tom l'appelle sans cesse pendant le dîner. Quelques jours plus tard, Nick passe même une soirée en sa compagnie et celle de Tom.

    Pendant le repas chez les Buchanan, Nick fait la connaissance de Jordan Baker, une golfeuse professionnelle. Il la retrouve à la première soirée à laquelle il est convié chez Gatsby.

    "Je crois que lorsque je me rendis à ma première soirée chez Gatsby, j'étais un des rares à avoir été effectivement invité. Les gens n'étaient pas conviés; ils venaient. Ils montaient dans des voitures qui les emportaient à Long Island et ils se débrouillaient pour échouer devant la porte de Gatsby."

    A cette soirée, Nick croise enfin le fameux Gatsby. Encore une fois, j'ai été bluffée par ce choix narratif de Fitzgerald. On patiente une soixantaine de pages avant de voir arriver le protagoniste éponyme du roman. Le lecteur a entendu toutes les théories qu'on raconte sur lui (tantôt il passe pour un espion, tantôt pour un meurtrier) et enfin, on le rencontre. Un homme au sourire incroyable, d'une trentaine d'années qui laisse planer le mystère sur lui.

    Et tout le roman sera justement autour de la découverte de sa personnalité, de ses failles, de ses désirs...

    Très vite, Nick noue des liens avec Gatsby. Et apprend la raison de leur rencontre. Gatsby souhaiterait revoir Daisy lors d'un thé chez Nick.

    La scène des retrouvailles m'a semblé très belle. L'auteur sait trouver les mots qui sonnent juste pour décrire la tension éprouvée par Gatsby. Depuis cinq ans, tout ce qu'il a fait était pour impressionner son amour et après leur séparation, il va enfin la revoir. Sera t-il à la hauteur? La gêne qui s'installe est également très bien rendue. C'est un des moments que j'ai préférés dans ce roman.

    L'histoire d'amour m'a également beaucoup touchée. Les sentiments de Gatsby pour Daisy sont magnifiques. L'idée de la lumière verte qui le guide m'a émue.

    Mais le thème principal de ce roman m'a semblé être surtout l'attente. Gatsby attend de retrouver Daisy, attend qu'elle se décide. De son côté, Nick attend de passer du statut de spectateur à celui d'acteur. C'est comme s'il observait en permanence sa vie au lieu de la vivre.

    De cette attente ressort une impression de gâchis. Tous ces personnages passent à côté de leur existence.

    Daisy m'a énervée. J'avais déjà eu cette sensation la première fois que j'avais lu le roman et elle s'est confirmée. On peut se demander pourquoi Gatsby conserve de tels sentiments à son égard alors qu'elle ne le mérite pas. C'est comme si ses illusions de jeunesse ne voulaient pas s'effacer devant la réalité.

    De plus, ce roman est l'occasion de découvrir des aspects de la vie new yorkaise de l'après-guerre: les coulisses de la mafia, l'atmosphère qui devait régner dans la bonne société, les fêtes, l'impact de la prohibition...

    De même, j'aimerais évoquer le style de Fitzgerald. Je l'ai trouvé tout simplement très beau. Certaines phrases restent longtemps en mémoire. Certaines scènes aussi du coup.

    "Gatsy avait foi en la lumière verte, l'avenir orgasmique qui année après année s'efface devant nous. Il se dérobe alors à nous, mais qu'importe...demain nous courrons plus vite, nous tendrons nos bras plus loin...Et un beau matin...

    C'est ainsi que nous avançons, esquifs luttant contre le courant, refoulés dans le passé, sans cesse"

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai beaucoup aimé ce roman. Si vous ne l'avez pas encore découvert, je vous le conseille vivement car on ne peut ressortir indemne de sa lecture. On est touchés et surtout, on ne peut s'empêcher de réfléchir sur l'existence.

    Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et Fanny

    Lu dans le cadre des challenges des 100 livres et des romans cultes.

    Pocket, 2013, 221 pages, 2,90 €

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  • Le Crime de Parangon Walk

    Le Crime de Parangon Walk

    de

    Anne Perry

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    "L'inspecteur Pitt regarda la jeune fille, et un indicible sentiment de tristesse s'empara de lui. Bien qu'il ne l'eût pas connue de son vivant, il connaissait et chérissait tout ce qu'elle avait perdu à présent. "

    Fanny Nash, une jeune fille, vient d'être violée et tuée dans une maison de Parangon Walk. Comme ce quartier huppé de Londres relève de son district, l'inspecteur Pitt est chargé de l'investigation.

    Mais, très vite, il se heurte au mutisme et au rejet des résidents. Son enquête piétine...Une nouvelle agression a lieu...

    Heureusement, il peut compter sur l'aide de Charlotte, sa femme et de sa belle-soeur, Emily.

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    Quel plaisir de me replonger une nouvelle fois dans l'univers d' Anne Perry! Un auteur que j'ai redécouvert grâce au challenge de Syl à la rentrée 2012.

    Cette fois-ci, en compagnie de Bianca et de Céline, je me suis lancée dans la troisième aventure des époux Pitt.

    Une jeune femme s'est effondrée morte dans les bras de sa belle-soeur dans un quartier chic de la capitale anglaise. Est dépêché sur les lieux du crime l'inspecteur Pitt. Il fait ainsi la connaissance de la famille Nash et des autres habitants de Parangon Walk.

    Tous les hommes peuvent être soupçonnés. Même le mari d'Emily...Au fil des interrogatoires, l'enquête s'enlise. Les riches résidents se soutiennent et préfèrent accréditer la thèse d'un coupable à rechercher parmi les domestiques ou les éventuels rôdeurs.

    Mais Emily, comme dans le précédent opus, souhaite mener ses propres investigations. Elle convie ainsi sa soeur Charlotte à un thé chez elle. Et de fil en aiguille, la fait inviter aux autres garden-partys, thés...du quartier.

    Ces deux enquêtes parallèles permettent une meilleure plongée dans le monde huppé de l'époque victorienne. En effet, grâce à Emily et Charlotte, on entre de plain-pied dans la haute-société londonienne.

    Il existe une très forte rivalité féminine. Chacune se jauge, critique l'habillement de l'autre, se dispute les faveurs des hommes...

    J'ai été également très choquée par l'attitude que les dames de la haute-société pouvaient avoir concernant le viol. C'est comme si la jeune fille l'avait cherché par son comportement dépravé.

    "D'après vous, Fanny aurait mérité de se faire agresser? demanda Charlotte sans détour. [...]

    Franchement, Mrs Pitt, ces choses-là arrivent rarement aux femmes...chastes! Elles évitent de se trouver dans ce genre de situation. Je suis sûre que vous n'avez jamais été attaquée! Pas plus que l'une d'entre nous, d'ailleurs!"

    Une fois encore, Charlotte m'a énormément impressionnée. Anne Perry a su créer un personnage fort, digne, doté d'une grande moralité qui n'a pas peur de dire ce qu'elle ressent. Une vraie dame parmi toutes celles qui prétendent l'être.

    Son attitude explique d'ailleurs l'attrait qu'elle exerce sur deux membres de la société de Parangon Walk: Lady Vespasia Cumming-Gould, la tante du mari d'Emily et le Français Paul Alaric, objet de toutes les attentions féminines. J'ai beaucoup apprécié ces deux nouveaux protagonistes: la première pour son intelligence, sa franchise, sa ressemblance avec Charlotte et le second pour son côté charmeur, protecteur...J'espère les retrouver dans de prochains volets.

    L'évolution d'Emily m'a également intéressée. Autant je n'avais pas apprécié son côté très capricieux dans l'Etrangleur de Cater Street, autant je l'ai trouvée plus humaine et plus mature. C'est sans doute un des avantages des séries: donner la possibilité au lecteur de suivre les transformations des héros.

    En revanche, j'ai regretté de ne pas voir assez Thomas Pitt. Je l'ai trouvé assez effacé.

    L'intrigue policière m'a tenue en haleine jusqu'au bout. Les rebondissements, les disparitions, les meurtres se multiplient...Et jusqu'aux dernières pages, on ne sait pas qui est (ou sont) le(s) coupable(s).

    Comme dans les Ames noires, Anne Perry a donné des accents de tragédie grecque au dénouement.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un très bon moment en compagnie des Pitt et j'ai hâte de replonger avec eux dans le monde victorien des années 1880.

    Editions 10/18, 2002, 316 pages, 7,50 €

    Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et Céline et des challenges Anne Perry, God save the livre 2013, la plume au féminin édition 2013, victorien et polar historique.

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  • Une étrange histoire d'amour de Luigi Guarnieri

    Une étrange histoire d'amour

    de

    Luigi Guarnieri

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    "Ma Clara bien-aimée,

    Je t'écris cette longue lettre de Vienne, de retour de tes funérailles. Tu m'excuseras si je t'écris même aujourd'hui, même si tu n'es plus là, même si malheureusement, tu m'as quitté pour toujours. Mais depuis le 30 septembre 1853, je t'ai écrit chaque jour, durant quarante-trois longues années-chaque jour, l'un après l'autre, sans exception, jamais-, même si plusieurs de ces lettres, je ne te les ai jamais envoyées. Tu es devenue une habitude irremplaçable, à laquelle je ne sais pas, et je ne tiens pas, à renoncer. [...] Car nous avions beau être éloignés l'un de l'autre durant des mois ou des années, il ne se passait pas un jour sans que je pense à toi"

    Ainsi, débute ce roman. Johannes Brahms décide de prendre la plume le mercredi 27 mai 1896 pour tout confesser une dernière fois à la femme qu'il a aimée pendant quarantre-trois années.

     

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    Johannes Brahms au moment de sa rencontre avec les Schumann

    Luigi Guarnieri est un auteur italien. Il s'est notamment fait remarquer avec la parution de son roman La double vie de Vermeer. Ici, dans sa nouvelle oeuvre, il s'attelle à un célèbre trio amoureux, celui formé par les Schumann et Johannes Brahms.

    Après avoir connu une enfance pauvre à Hambourg, Brahms s'est lancé dans la carrière de concertiste. Malheureusement, le succès peine à venir et quand il pousse la porte des Schumann, le 30 septembre 1853, il est encore un artiste méconnu.

     

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    Clara Schumann au moment de sa rencontre avec Brahms

    Au contraire du couple...Clara Schumann est une pianiste de talent renommée dans toute l'Europe. Son mari vit dans son ombre. Au point qu'à une fête donnée en l'honneur de la concertiste, un prince lui pose la question "Et vous, vous jouez de la musique?" Enervé, Schumann répond alors "Non, je joue de ma femme".

     

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    Robert Schumann

    Cette rencontre va marquer le début d'une relation très forte entre les trois. Brahms reste un mois auprès du couple. Un mois intense de compositions, de partages...Puis, il repart.

    Il reviendra aider Clara quelques mois plus tard, début 1854, quand il deviendra nécessaire d'interner son mari, atteint de folie et qui venait de tenter de se suicider.

    C'est cette très belle histoire d'amour et d'amitié que raconte cette oeuvre. Luigi Guarnieri a opté pour une narration épistolaire. En effet, on apprend tout par le biais d'une longue lettre adressée par Brahms à Clara, cinq jours après sa mort.

    J'ai vraiment apprécié ce procédé narratif car il permet de mieux mesurer l'attachement de Brahms à cette femme et au souvenir de son mentor. Mais également de vivre de l'intérieur cette passion impossible. Et de ne pas ressentir d'ennui devant la multitude de détails biographiques que comporte cet ouvrage. Le "je" les justifie pleinement et permet au lecteur de ne jamais se lasser.

    On a beaucoup glosé sur ce triangle amoureux. Les Schumann faisaient figure de couple modèle. Et justement, l'auteur choisit de démystifier leur relation. Ils avaient dû surmonter de nombreux obstacles pour se marier, avaient de nombreux enfants...Mais Robert supportait de moins en moins le succès de son épouse. Surtout que sa musique restait incomprise.

    Aussi, l'arrivée du jeune Brahms a tout bouleversé. On a jamais vraiment su quelle était la nature de la relation entre Clara et le compositeur. Et j'ai beaucoup aimé l'hypothèse avancée par l'auteur...

    Mais ce roman ne traite pas seulement de passion amoureuse. Il parle des choix qu'on fait dans la vie, des risques à prendre pour être heureux...

    "La vie n'est pas un train: tu descends à une gare, et tu peux en prendre une autre. Non, ce n'est pas comme un train, mon amie-et maintenant, comme nous le savons tous les deux, on ne peut plus rien changer"

    Bien évidemment, il place au coeur de l'intrigue la musique. La musique comme carrière de nos trois protagonistes principaux: on apprend ainsi les difficultés inhérentes aux métiers de concertiste et compositeur (argent, inspiration, succès, solitude...).

    Mais la musique comme lien aussi: tant amical qu'amoureux.

    "l'amour est-il autre chose qu'une musique jamais entendue?"

    De même, Une étrange histoire d'amour permet d'appréhender le thème de la folie. Schumann souffre depuis quelque temps de problèmes auditifis. Il entendrait toujours la même note, voire un orchestre entier, ce qui l'empêcherait de composer. Et ce malaise va s'accroître dans les mois suivants la rencontre avec Brahms. Jusqu'au saut dans le Rhin et à l'internement définitif. Brahms lui rend visite et on découvre ainsi la vie dans les asiles. Malheureusement, cette folie va également toucher un des fils Schumann. Et là encore, Brahms se déplacera. L'occasion d'une scène très marquante...

     Même si Schumann disparaît très tôt, on sent que c'est son absence qui a joué un rôle primordial sur le destin de Brahms et Clara. A se demander si l'hypothèse avancée par Luigi Guarnieri ne correspond pas à la réalité...

    Clara m'a tour à tour émue, énervée...Elle se montre tantôt passionnée, tantôt froide et calculatrice....

    Mais celui qui m'a le plus touchée reste bien entendu le narrateur. Quel destin que celui connu par Brahms! Cet enfant pauvre qui jouait dans les bordels de Hambourg est devenu un musicien renommé de son vivant. Mais sa rencontre avec Clara l'a marqué à jamais. Et jamais, il n'a pu se consacrer pleinement à une autre femme ou une autre famille.

    Cette magnifique histoire d'amour et de renoncement est soulignée par un très beau style.

    Bref, vous l'aurez compris: je me suis laissée emporter par ce roman. Et je vous le recommande vivement!

    Actes Sud, 2012, collection "Lettres italiennes", 218 pages, 21,80 €