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the frenchbooklover - Page 4

  • Montre jamais ça à personne

    Montre jamais ça à personne

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    C'était lundi soir il y a 15 jours. J'étais en quête d'un nouveau programme quand je suis tombée sur cette photo. Orelsan ne fait pas partie des artistes que je connais bien . Loin de là même. Mais voilà, ce titre et ce cliché ont suscité ma curiosité. Et j'ai regardé à la suite les six épisodes de ce documentaire.

    Un documentaire entamé il y a 20 ans par un petit frère, Clément Cotentin qui croyait déjà au destin du plus grand. Un plus grand qui avait son propre appartement à Caen et qui avec sa bande fascinait son cadet.

    C'est je crois ce qui m'a le plus émue dans cette création : le regard d'un frère sur l'autre. Plein d'amour et de confiance. Un frère qui, avec le caméscope de son anniversaire, interviewe son aîné et collectionne tous ses instants de vie, de doutes, de rires, de colère, de peur, d'échecs et de succès.

    Ainsi s'enchaîne sous nos yeux une succession de séquences sur le vif où Orelsan et ses amis : Skread, Ablaye et Gringe se livrent. Avec cet effet miroir de ces scènes de maintenant, au cadrage plus classique, où chacun revient sur leur passé en commun. Pour un voyage dans le temps infiniment émouvant.

    Les années ont passé. Mais ce qui demeure, c'est ce lien. Vecteur de tous les possibles qui les a unis dès la fin de l'adolescence. Dans le bouillonnement d'un appartement, certains y ont cru plus tôt. Y ont travaillé aussi avec plus d'intensité. Avec cette certitude que tout allait s'ouvrir à eux. Puis, Orelsan a rattrapé le train de Skread et Ablaye. Sans jamais oublier le quatrième mousquetaire :Gringe avec lequel il a crée le groupe les Casseurs Flowteurs, après le succès de son deuxième album et tourné un programme court pour Canal +.

    Le regard d'un frère. La force d'une amitié qui ne se dément jamais. Autant d'éléments si sincères qui jalonnent cet itinéraire.

    Et puis, il y a ces autres voix qui retentissent. Celles de la famille un peu désemparée face à ce garçon qui ne semble pas trouver totalement sa place et dont le succès les prend de court. Celles des professionnels : managers, producteurs, auteurs, compositeurs, interprètes. Contrepoints qui éclairent d'autres facettes d'Orelsan.

    Il y a ces moments également où se dégage un air de fête. La fête des gens heureux d'être ensemble. Joie sur les tournages des clips artisanaux des débuts. Complicité sur les tournées qui prennent de l'ampleur. Rêve sur grand écran. Tous ces projets qui grandissent avec eux et dont l'ampleur parfois les surprend.

    Il y a ces heures en studio. Ecrire, raturer, chanter, recommencer, chercher le mot juste, l'intensité. Quête créative passionnante.

    Il y a ces réflexions sur le monde de la musique et sur la difficulté encore plus grande pour ceux qui ne viennent pas de Paris ou de Marseille.

    Montre jamais ça à personne.

    La preuve qu'il ne faut pas toujours écouter les grands frères.

    Montre jamais ça à personne.

    Ou un documentaire coup de cœur. Récit d'existences croisées que je ne peux que vous recommander.

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  • La Maison allemande d'Annette Hess

    La Maison allemande

    de

    Annette Hess

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    "Il y avait eu un nouveau départ d'incendie cette nuit-là. Eva le sentit immédiatement en sortant sans manteau dans la rue, silencieuse en ce dimanche et recouverte d'une mince couche de neige. Cette fois, ce devait être tout près de chez eux. L'odeur âpre masquait celle de la ville en hiver: une odeur de caoutchouc carbonisé, de tissu brûlé, de métal fondu, mais aussi de cuir et de pelage roussi."

    En cette année 1963, Eva nourrit un rêve : celui d'épouser Jurgen, un jeune homme au niveau social élevé qui l'emmènerait bien loin du restaurant de ses parents, situé dans les quartiers populaires de Francfort.

    Un soir, alors que la présentation officielle de son prétendant a lieu, elle est appelée en qualité d'interprète et elle se retrouve engagée pour traduire les témoignages des Polonais lors du « second procès d'Auschwitz ».

    Un procès qui la confronte à la réalité des camps de concentration.

    Un procès qui remet en cause tous les fondements de son existence.

    Voici un roman que j'ai remarqué grâce à une story de mon amie @bouquinsetbiquettes. J'ai été immédiatement attirée par le sujet qui m'a rappelé celui du film le Labyrinthe du silence.

    C'est en effet le silence qui prédomine en partie dans ce livre. Le silence lourd et palpable de ceux qui découvrent l'horreur et la barbarie. Le silence de ceux qui taisent leur passé. Témoins ou complices. Le silence de ceux qui ploient sous la chape de leurs souvenirs et de leur culpabilité.

    Et puis, face à ce silence, il y a les pleurs et les mots. Les mots pour dire ce qui a été et ce qui n'est plus. Les mots pour accuser ou défendre. Les mots pour se sauver. Envers et contre tout.

    Les mots pour trouver ou retrouver son identité. Comme Eva qui vacille dans ses certitudes.

    J'ai beaucoup aimé la manière dont les thèmes s'entremêlent dans ce livre. Sans manichéisme.

    Par le prisme de l'héroïne et par celui de David, un des procureurs adjoints, le déroulement du procès nous est dépeint. Succession de séquences fortes qui frappent et touchent en plein cœur.

    A ce pivot central de l'intrigue viennent se greffer des réflexions autour de la condition des femmes, autour de la notion de la culpabilité, autour de la vieillesse, autour de la reconstruction. Ce qui contribue à rendre encore plus dense l'atmosphère de cet ouvrage.

    Pour autant, l'action ne ralentit jamais. En effet, Annette Hess parvient à trouver l'équilibre entre scènes d'ensemble et scènes individuelles et à toujours relancer la narration.

    Finalement, je n'aurais qu'un seul bémol : la manière peut-être un peu rapide à mon sens de faire évoluer le destin de la sœur d'Eva.

    Bref, vous l'aurez compris : une œuvre très réussie autour de la mémoire, de l'oubli et de la responsabilité. Je ne peux que vous conseiller de la découvrir à votre tour.

    Traduit de l'allemand par Stéphanie Lux, Actes Sud, 2019, 394 pages

  • Carnet d'un voyageur immobile dans un petit jardin de Fred Bernard

    Carnet d'un voyageur immobile dans un petit jardin

    de

    Fred Bernard

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    En 1999, Fred Bernard fait l'acquisition en Bourgogne d'une ancienne écurie encerclée par un terrain de 700 mètres carré. Un terrain envahi par les ronces et les orties qu'il désherbe avec l'aide de son frère.

    Pendant dix-sept ans, il va y séjourner par intermittences et planter des bulbes, des graines et des jeunes pousses. Puis, il va s'y installer en 2016 avec sa famille. L'occasion pour lui d'observer le bal des saisons et de l'immortaliser dans ce carnet de plus de 200 pages.

    Un carnet entre l'almanach, l'herbier et le récit d'un voyage immobile où s'entremêlent des dessins à l'aquarelle, à l'encre...Dans une explosion de couleurs qui nous fait plonger de plain-pied dans ce jardin extraordinaire où la vie palpite au fil des mois.

    On croise ainsi des auteurs comme Colette ou Ronsard, des paysages extérieurs comme les hospices de Beaune ou les vignes aux alentours et puis, bien entendu, tous les habitants du jardin. Faune et flore se répondent semaine après semaine sous l'œil attentif de Fred Bernard.

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    Il y a des pivoines, un gingko, des papillons, des grenouilles.

    Il y a une chouette hulotte, une pie bavarde, une cigale ou une couleuvre à collier.

    Il y a une foultitude d'êtres et d'essences qui se croisent. Immortalisés parfois sur une page ou une double page, avec toujours quelques informations pour les accompagner.

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    Un très bel objet donc, à la fois œuvre d'art, ode à la nature, encyclopédie botanique et animalière et journal d'impressions d'un amoureux de son jardin qui explore le passage du temps dans son environnement.

    Le genre d'objet qui se savoure et se picore. Le genre d'objet qui se conserve bien précieusement dans une bibliothèque. Le genre d'objet que je relirai avec plaisir. Le genre d'objet que je vous conseille vivement. 

    Albin Michel, 2020, 216 pages

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