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the frenchbooklover - Page 98

  • La Conspiration de Whitechapel

    La Conspiration de Whitechapel

    de

    Anne Perry

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    "La salle d'audience de l'Old Bailey était bondée. Tous les sièges étaient occupés et les huissiers refusaient du monde. On était le 18 avril 1892, le lundi après Pâques qui marquait également l'ouverture de la Saison à Londres. C'était aussi le troisième jour du procès du distingué John Adinett, militaire, accusé du meurtre de Martin Fetters, grand voyageur et spécialiste de l'Antiquité.

    A la barre des témoins se trouvait Thomas Pitt, commissaire de police du poste de Bow Street."

    Mais, même si l'accusé est condamné, Thomas Pitt voit sa réputation traînée dans la boue. Et il se retrouve rétrogradé et affecté à la Special Branch. Il doit quitter sa famille pour s'installer dans les taudis de l'East End et tenter de démasquer d'éventuelles conspirations.

    Accablée de chagrin, Charlotte se reprend très vite et décide de mener sa propre enquête pour disculper son époux et le sortir des griffes du Cercle Intérieur. Elle peut également compter sur le soutien de Gracie, Tellman et Lady Vespasia.

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    Comme vous vous en souvenez peut-être, j'avais été déçue par les derniers opus de la série des Pitt et notamment par Half Moon Street. Aussi, je nourrissais quelques appréhensions en entamant les premières pages de la Conspiration de Whitechapel.

    Pour une fois, le roman ne s'ouvre pas une scène de meurtre, mais sur un procès. Pitt y intervient comme témoin et on se rend compte, lors de son interrogatoire, que l'avocat de la défense semble animé de la volonté de lui nuire.

    Impuissant, il assiste à sa chute et se découvre contraint d'entrer dans la Special Branch et de déménager à Whitechapel.

    Cette direction de l'intrigue donne l'occasion à Anne Perry de dresser un portrait des taudis de l'East End au bord de l'implosion. Mais à cette description de la misère de certains se joint le tableau de l'extrême richesse du Prince de Galles.

    Ce dernier, qui guette en vain la mort de sa mère Victoria, mène un train de vie très luxueux. Trop luxueux d'ailleurs, ce qui l'entraîne à contracter de nombreuses dettes. Et à mécontenter toute une partie de l'intelligentsia. Entre une Reine trop effacée et un héritier trop gâté, certains commencent à penser qu'il vaudrait mieux lancer une révolution et remplacer le souverain par un Président. D'autres envisagent même de passer très rapidement à l'action.

    Car, dans ce volume, plusieurs conspirations s'entremêlent: celle autour d'un renversement du pouvoir et celle autour de la révélation de la véritable identité de Jack l’Éventreur. (Anne Perry a repris ici la théorie selon laquelle les victimes n'auraient pas été choisies par hasard mais pour dissimuler une liaison royale et l'existence d'un bâtard).

    On ne sait donc où donner de la tête et on retrouve le talent de la romancière pour nous promener de fausse piste en fausse piste. Et son art à créer des scènes tendues où tout peut déraper d'un instant à l'autre.

    J'ai été ravie de redécouvrir au premier plan Charlotte et Gracie. Toutes les deux entreprennent des démarches pour sauver leur commissaire préféré. L'occasion pour Gracie de se rapprocher de l'inspecteur Tellman (ils partagent des scènes à la fois touchantes et drôles. Qui cédera et avouera le premier ses sentiments?).

    La Conspiration de Whitechapel nous offre également la possibilité d'en apprendre plus sur le passé de Lady Vespasia, un de mes personnages préférés. J'ai aimé la voir participer à la Révolution à Rome et au mouvement d'émancipation italien.

    Enfin, comme souvent, le final se révèle à la hauteur et laisse présager une intensification de la lutte contre le Cercle intérieur.

    Bref, vous l'aurez compris: un très bon cru de la série et j'espère que Southampton Row continuera sur cette lancée.

    Editions 10/18, 2007, 394 pages

    Billet dans le cadre d'une LC avec Bianca, Céline, Fanny, Soie et Sybille et dans le cadre du challenge Anne Perry de Syl

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  • La Vie au bout des doigts

    La Vie au bout des doigts

    de

    Orianne Charpentier

     

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     "La surveillante de nuit passa dans le dortoir, un sifflet aux lèvres et une lampe à la main. C'était une de ces lampes-tempêtes en cuivre, avec une bougie à l'intérieur qui brillait faiblement. La lumière était douce quand on ouvrait les yeux, mais les oreilles restaient douloureuses, toutes bourdonnantes encore du sifflement strident."

    Mardi 11 novembre 1913, Guenièvre, 14 ans, n'arrive pas à s'acclimater au pensionnat dans lequel l'a placé sa grand-mère, après la mort de ses parents lors d'un accident du transsibérien. Pour oublier sa peine et les moqueries de ses congénères, elle se réfugie dans la nourriture pourtant peu ragoûtante.

    Jusqu'au jour où elle fait la connaissance de Pauline, une "grande" qui entend la protéger et l'initier au monde moderne.

    Puis,à Noël, les bouleversements surviennent dans la vie de notre héroïne. Chassée du pensionnat, elle reprend sa place dans le foyer de sa grand-mère et retrouve ses repères d'antan.

    Mais ce bonheur n'est qu'éphémère. En effet, à l'été 1914, la guerre éclate et balaie tout sur son passage. Guenièvre, comme tout son entourage, va devoir faire face. Tout en continuant son apprentissage.

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    J'avais entendu beaucoup de bien de ce roman. Aussi, je n'ai pas hésité longtemps quand il est arrivé dans ma médiathèque.

    Comme dans le Choix d'Adélie de Catherine Cuenca dont je vous parlais le mois dernier, Orianne Charpentier a abordé les années 1913-1919 par le prisme féminin.

    Mais, contrairement à Adélie, Guenièvre est une adolescente mal dans sa peau, sans réels objectifs et rejetée des autres. Sa différence l'effraie et elle n'entend pas l'exploiter, de peur de se démarquer.

    Au fil des pages et des six années où nous suivons son itinéraire, on va la voir évoluer et s'affirmer de plus en plus. Comme sa grand-mère, notre héroïne possède un don. Celui de guérir miraculeusement les blessures. Elle manifeste aussi un talent pour pressentir le futur de certaines personnes qu'elle croise.

    J'ai trouvé cette dimension fantastique assez intéressante, notamment en ce qui concerne l'analyse qu'elle suscite sur la place des guérisseurs et guérisseuses dans les campagnes françaises au début du vingtième siècle.

    En effet, sans jamais alourdir l'intrigue ou donner l'impression de se livrer à un cours magistral, l'auteur parvient à brosser un tableau très fouillé de cette époque. Place des femmes, opinions et combats politiques (le pacifisme, l'Action française), milieux intellectuels et artistiques, avancées scientifiques, impact de la guerre à l'arrière, attente des nouvelles du front, fuite devant l'ennemi, vie à la campagne...constituent autant de sujets traités.

    Et ce travail de reconstitution extrêmement poussé m'a bluffée. J'ai aimé en apprendre plus sur cette période et sur le climat qui y régnait.

    De même, je me suis beaucoup attachée aux personnages imaginés par Orianne Charpentier. Que ce soient Guenièvre, Perpétue, la servante de sa grand-mère aux idées et prévisions farfelues (Henriette Pottier m'a bien fait rire), Petit Dan ou Edmond, ils se révèlent tous très vivants et intéressants.

    J'ai également apprécié la construction de l'intrigue en deux parties: avant 1914 et pendant la guerre. On est en présence d'un narrateur omniscient qui se focalise sur la jeune fille dont on suit l'évolution. Néanmoins, il prend la liberté d'introduire des ruptures dans le récit (apartés de connivence avec le lecteur). De plus, même si la troisième personne du singulier prévaut, de temps en temps, le "je" s'impose. Notamment par le biais de lettres ou de journaux intimes. Une manière de donner encore plus de poids aux confidences des soldats chers à Guenièvre et aux femmes qui gravitent autour d'elle. Une manière aussi d'exprimer leur douleur et  l'horreur des combats.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été happée par ce roman dense, bien écrit, prenant, émouvant et je ne suis pas passée loin du coup de cœur.

    Gallimard Jeunesse, collection Scripto, 2014, 411 pages

    Billet dans le cadre du Challenge Première Guerre mondiale et Un pavé par mois.

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  • Les Cygnes sauvages

    Les Cygnes sauvages

    un texte de Kochka d'après Andersen

    avec des illustrations de Charlotte Gastaut

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    "Bien loin d'ici, là où migrent les hirondelles à l'approche de l'hiver demeurait un roi qui avait onze fils et une fille, Elisa. Les onze princes, sabre au côté, allaient à l'école tous les jours tandis que leur soeur, assise sur un tabouret de cristal, attendait leur retour devant un livre d'images."

    Mais, un jour, leur père se remaria avec une femme "au cœur plus petit qu'un dé à coudre". Afin de s'accaparer son époux, elle envoya Elisa au couvent et transforma ses onze frères en oiseaux. Mais son sort ne fonctionna pas complètement car, à la place de laids oiseaux, les princes se transformèrent en cygnes.

    Les années passèrent...Elisa devint une magnifique jeune femme. A quinze ans, elle reparut à la cour et rendit folle de jalousie sa belle-mère.

    Une fois encore, cette dernière tenta de nuire à la progéniture royale mais sa magie se brisa devant la pureté de la princesse.

    Elisa décida de s'enfuir. Elle marcha, marcha, marcha...et sur sa route, rencontra une vieille femme qui lui indiqua un endroit où trouver onze cygnes.

    Parvenue au rivage, Elisa reconnut ses frères et décida de tout entreprendre pour leur rendre apparence humaine.

    Elle ignorait alors que ce choix pourrait tout lui coûter.

    Dans cet album, Kochka a voulu rendre accessible aux lecteurs à partir de 6 ans le conte de Hans Christian Andersen.

    Avec un style à la fois simple et poétique, elle nous narre l'histoire d'Elisa, une jeune princesse qui devra rencontrer bien des épreuves avant de connaître le bonheur. Rejet, séparation, malédiction, faim, errance, sacrifice, abnégation, labeur, accusations de sorcelleries, condamnation...constituent autant d'étapes sur la route de son apprentissage.

    En effet, l'intrigue aborde tous ces sujets et insiste sur l'importance de l'amour fraternel.

    Et forcément, en lisant les Cygnes sauvages, on pense à d'autres contes où les fratries sont très importantes (Hansel et Gretel, Le Petit Poucet...). On pense également à Blanche-Neige (avec la belle-mère jalouse et sorcière), aux Fées (avec la vieille femme qui récompense la pureté et la générosité)...

    J'ai été frappée par cette richesse thématique et par ces multiples rebondissements. Comme si, chez Andersen, le bonheur ne se gagnait pas facilement et que seules plusieurs épreuves pouvaient l'apporter et le conforter.

    Pour illustrer cette trame, il fallait tout le talent de Charlotte Gastaut. Je crois vous avoir déjà parlé de toute l'admiration que je porte à cette artiste (Les Fées, Le Lac des cygnes).

    Cette admiration a été encore confortée devant le foisonnement des images qu'elle a su créer pour mettre en valeur le récit de Kochka.

    Chaque double page s'accompagne d'un tableau. Les couleurs sont chatoyantes, les fonds toujours très fouillés, les silhouettes et les visages délicats.

    Souvent, ce tableau déborde sur le texte. Mais il se fait plus discret en noir et doré.

    On se perd dans les détails, on revient plusieurs fois sur certaines illustrations...

    Bref, vous l'aurez compris: cette adaptation d'un des contes les plus connus d'Andersen constitue un petit bijou et j'espère que ce duo continuera à nous livrer d'aussi beaux albums.

    Merci à Babelio et à Père-Castor Flammarion pour cette magnifique découverte!

    Billet dans le cadre du challenge Il était une fois...les contes de fées de Bianca

    Père-Castor Flammarion, 2014, 13,50 €

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