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  • Mon Top jeunesse 2015

    Mon Top jeunesse 2015

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    Je reviens vers vous ce soir avec un billet autour de mon Top jeunesse 2015.

    Cette année écoulée a été l'occasion de faire de très très belles découvertes et de me plonger dans des ouvrages, qui je le sais déjà, m'accompagneront longtemps.

    Côté romans, voici les cinq titres qui s'imposent comme une évidence:

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    Quelqu'un qu'on aime de Séverine Vidal, Sarbacane:Parce que le coup de coeur s'est imposé dès les premières pages/ Parce que ce roman profondément humain m'a fait tour à tour pleurer et rire/Parce que je me suis attachée à tous ces personnages/ Parce que j'adore le concept de famille qu'on se crée/ Parce que leur tournée était décidément trop courte/ Parce que "Des falaises en sursis/Voilà ce que nous sommes"/Parce que la plume de Séverine Vidal véhicule tant d'émotions/Parce que Gary/Parce que....

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    Autre lecture forte: Lever de rideau sur Terezin de Christophe Lambert, Bayard : même si j'avais adoré aussi Swing à Berlin parcouru en janvier, j'ai finalement retenu ce titre très fort. Cette fois-ci, l'auteur nous amène dans le camp de concentration de Terezin, où son personnage principal, le dramaturge Victor Steiner, doit écrire une pièce de théâtre autour de Molière et de Louis XIV pour une visite de contrôle de la Croix Rouge. Réflexion sur la création/Sur l'art en temps de guerre/Sur la solidarité/Sur l'humanité qui peut fleurir même dans la plus extrême violence/Sur la nécessité de résister envers et contre tout/Le tout servi par une très belle plume.

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    Direction ensuite le New-York de la fin des années 40. Avec un dîner avec Cary Grant, le premier tome de Broadway Limited, à l'Ecole de Loisirs, Malika Ferdjoukh nous fait suivre le destin de six jeunes femmes et hommes à un croisement de leur vie. Six voix qui retentissent et qui nous parlent d'amour, d'amitié, de galères, de recherche du succès et de ce Broadway de l'après-guerre. Un roman doudou dans la veine de Quatre soeurs et qu'on quitte à regret.

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    Changement d'époque....Pour une virée sur les routes à bicyclette. Il m'aurait été difficile de ne pas inclure dans cette liste Les Petites Reines de Clémentine Beauvais, paru chez Sarbacane. De cette lecture printanière, je garde une sensation de rires. Que ce soit dans le métro....ou sur mon fameux canapé...je me suis souvent surprise à m'esclaffer. Même si j'ai été un peu déçue par la conclusion de cette odyssée, j'ai savouré les étapes du voyage et les dialogues qui faisaient toujours mouche.

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    Dernière escale, dans le Paris de 1912 au début des années 20: Là où tombent les anges de Charlotte Bousquet. Je l'ai entamé un soir de novembre et j'ai eu du mal à le lâcher. Malheureusement, je n'ai pas pris le temps d'en parler. Pourtant, j'ai été captée par ces destins de femme en temps de guerre, par leur vie à l'arrière, par leurs relations conjugales, par leur participation au bouillonnement artistique....Quel style incroyable! Et quel ambitieux ouvrage qui tient toutes ses promesses!

    Après les mots, place aux images avec ces cinq albums qui ont marqué mon année 2015.

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    -La Danseuse papillon d'Audrey Alwett, avec des illustrations de Luky, Soleil : Le destin d'un papillon trop attiré par la lumière de la scène et qui risque fort de s'y brûler. Un petit bijou de poésie et de sensibilité sur l'amour, sur la danse, sur le tourbillon de la vie...magnifié par Luky qui nous emporte dans un monde entre ombres et lumières.

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    -Le lion et l'oiseau de Marianne Dubuc, éditions La Pastèque: une magnifique histoire d'amitié entre un lion et un oiseau ou comment chacun a besoin de l'autre pour combler une solitude pesante. Les mots se font rares, les silences occupent l'espace...Pour mieux épouser les sentiments et retranscrire ce vide si lourd de sens qu'est parfois l'absence. Un album rare et qui touche la corde sensible de chacun. Un titre à conseiller et à partager sans modération.

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    -Le Peintre des drapeaux d'Alice Brière-Haquet, illustré par Olivier Philipponneau, Frimousse: un très bel ouvrage autour de l'artiste en temps de guerre. Des mots et des images sobres pour une histoire très forte qui fait réfléchir et qui nous émeut aux tréfonds de notre âme.

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    -Autrefois l'Olympe....mythe en haïkus d'Agnès Domergue, éditions Thierry Magnier: Sous forme de devinettes en haïkus, les grandes figures de la mythologie sont invoquées. Au lecteur de se montrer perspicace et de les retrouver. Un univers tout en délicatesse souligné par les images ciselées de Cécile Hudrisier.

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    -Le Voleur d'enfants de Michael Escoffier, illustré par Clément Lefèvre, éditions Chocolat jeunesse: dès les premières pages, on est happé dans un autre âge, un âge inquiétant où il ne semble pas bon d'être un enfant. En effet, un voleur vient les enlever...A la manière d'une ritournelle inquiétante, ce sinistre personnage nous fais frémir. Et si finalement, il ne fallait pas se fier aux apparences? Un très bon conte, aux allures sombres et angoissantes, qui a le don de surprendre le lecteur.

    Et vous, quels ont été vos coups de cœur jeunesse en 2015?

     

     

     

  • Lever de rideau sur Terezin

    Lever de rideau sur Terezin

    de

    Christophe Lambert

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    "Une nuit de novembre 1943

    "Ta passion pour le théâtre te perdra!"

    Victor Steiner avait entendu cette phrase durant son adolescence. C'était la prophétie de son père, un individu aussi grincheux qu'autoritaire. Chaque fois que le jeune Steiner osait parler de sa vocation à la maison, la voix du chef de famille tonnait, pareille à celle de Zeus en personne: "Mener une vie de saltimbanque, c'est ça que tu souhaites? Tu as songé aux fins de mois difficiles? Tu as envie d'habiter sous les toits, dans les chambres de bonne éclairées à la bougie? "[...] Et le sermon paternel se terminait invariablement par: "Ta passion pour le théâtre te perdra!""

    Novembre 1943, Victor Steiner, le célèbre dramaturge juif, quitte sa cachette parisienne pour assister à une représentation du Soulier de satin de Claudel. Mal lui en prend car, sur le chemin du retour, il est arrêté et déporté. Mais, grâce à sa notoriété, il est envoyé à Terezin, un camp spécial, conçu par les Nazis comme une vitrine. Une visite de contrôle de la Croix-rouge est d'ailleurs prévue dans les prochains mois.

    Et Steiner se voit assigner comme tâche de monter une pièce autour du Roi Soleil. Il hésite...Jusqu'à ce que la Résistance interne le convainque de la nécessité d'accepter. En effet, est prévue une évasion lors de cette représentation exceptionnelle.

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    Le camp de Terezin

    Parmi les œuvres qui ont compté cette année pour moi, figure Swing à Berlin. Aussi, j'ai été ravie de retrouver Christophe Lambert avec ce nouveau titre.

    Comme la Bérénice d'Isabelle Stibbe, Victor Steiner est habité par la passion du théâtre.

    "Le théâtre le nourrissait. Entendre les trois coups, sentir l'odeur des vieilles boiseries, regarder le rideau s'écarter, vibrer au jeu des acteurs, rire, pleurer, frémir...A ses yeux, rien ne pouvait remplacer cette farandole d'émotions. Les planches rendaient la vie plus belle, plus intense."

    A la sortie d'une représentation, il est arrêté et déporté.

    Direction Terezin...Un camp spécial, tout près de Prague, dont je n'avais jamais entendu parler. En quelques phrases et quelques scènes, une fois encore, le romancier parvient à nous plonger d'emblée dans l'horreur de ce camp-vitrine.

    Une vitrine pour dissimuler la barbarie/Une vitrine pour taire l'horreur

    Mais une vitrine où la violence est tout aussi présente

    Coups de feu/Têtes qui éclatent/Malades entassés dans des mouroirs/Convois qui partent sans cesse...

    Voilà le quotidien dans lequel se retrouve Victor Terezin. Comment imaginer qu'il puisse continuer à exercer son art? Surtout quand le papier sert à réchauffer...

    Cependant, sa renommée l'a précédé et, très vite, il est obligé d'écrire une pièce en cinq mois autour du Roi Soleil.

    D'où la question/fil rouge de cette œuvre: peut-on créer sous contrainte et dans un contexte de violence extrême?

    C'est passionnant d'assister à ce processus créatif.

    Balbutiement des débuts/Recherche d'inspiration/Trouvaille de l'idée locomotive/Ferveur de l'écriture

    "Il avait surnommé "idées-locomotives" ces graines suffisamment prometteuses pour laisser germer des histoires excitantes. Une fois "l'idée-locomotive" lancée dans son petit monde intérieur, plus rien ne pouvait l'arrêter. Elle était comme une voie ferrée, allant de l'avant coûte que coûte, traversant les continents, franchissant les précipices et forçant les montagnes."

    C'est d'autant plus passionnant que ce drame inventé de toutes pièces se fait l'écho de la vie réelle. Mise en abîme d'un auteur (Steiner) qui parle d'un autre auteur (Molière) obligé de changer sa pièce les Fâcheux pour complaire à la volonté royale.

    L'art contre le pouvoir ou l'art soumis au pouvoir?/ L'art libre ou l'art esclave?

    Autant de thèmes très forts qui sont traités tout au long de ces chapitres....

    Les pages se tournent, on est happés par ce bouillonnement intellectuel et artistique, on fait corps avec toutes ces réflexions, on espère que le héros va trouver des talents à la hauteur de ces mots.

    Comme si l'art nous éloignait de l'horreur de ce Terezin...

    Comme si seule comptait la représentation....

    Toutefois, l'art, comme nous le prouve Christophe Lambert, ne peut pas tout...

    Et, la réalité reprend ses droits...

    S'intercalent ainsi des passages sur le quotidien de tous ces hommes et femmes déportés. A la violence extrême de leur situation, ils opposent toute l'humanité dont ils sont capables.

    Des éclats de joie dans un océan de barbarie/ Des graines d'amour et d'amitié plantés un peu partout/Des poussées d'intelligence

    Face à l'horreur, tous ces êtres humais se révèlent et évoluent. Forcément. A l'instar de notre héros...

    Comment ne pas s'attacher dès lors à tous ces prisonniers? Comment ne pas espérer qu'ils s'échappent? Comment ne pas avoir peur pour eux? Comment ne pas pleurer pour certains?

    Bref, vous l'aurez compris: vous voici en face d'un beau roman, un roman vibrant, un roman sombre, un roman qui fait réfléchir, un roman qui nous apprend encore et encore à quel point l'art est nécessaire pour résister à toute oppression.  Et j'espère que vous partagerez ce coup de cœur.

    Bayard, 2015, 456 pages

     

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