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  • Vous pouvez ne pas embrasser la mariée

    Vous pouvez ne pas embrasser la mariée

    une pièce d'Alexandra Moussaï et Arnaud Schmitt

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    Une heure avant son mariage, Emma se retrouve enfermée avec son meilleur ami Antoine.

    Deux ans qu'ils ne se sont pas parlés. Et si c'était le moment, justement, d'enfin tout s'avouer?

    Parmi mes bonnes résolutions 2016, figure celle d'aller plus souvent au théâtre. Aussi, je n'ai pas hésité longtemps hier avant de me rendre au Funambule, une salle dans le quartier de Montmartre.

    Et, dès les premières répliques, j'ai été happée par l'histoire.

    Deux acteurs face-à-face

    Deux personnages qui vont s'affronter et tenter de s'affranchir de tous les non-dits

    Quinze années d'amitié qui vont défiler sous nos yeux à l'aide de quelques scènes clés

    En effet, dans cette pièce qui n'est pas sans rappeler certains classiques de la comédie romantique, tels que Quand Harry rencontre Sally, s'entremêlent sans cesse des séquences du présent et des retours dans le passé

    Comme des indices livrés...Et qui nous permettent de mieux cerner tout ce qui se joue dans les regards et dans les silences.

    Car Emma et Antoine ont toujours oscillé entre l'amitié et l'amour. Malheureusement, leurs cœurs n'ont jamais battu à l'unisson. C'est là donc tout l'enjeu de cette heure, entre parenthèses, qui leur est offerte.  Et si, leurs sentiments étaient enfin au diapason?

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    On rit, on s'émeut, on espère...On se tait aussi. Quand l'émotion affleure dans les yeux des protagonistes et sur leurs lèvres qui ne laissent pas passer les mots essentiels.

    Forcément, on se reconnaît également un peu dans ses trentenaires, à la recherche de l'amour de leur vie et qui ne savent pas n'osent pas saisir une belle occasion.

    Comment ne pas saluer la prestation  des deux comédiens/auteurs? Ils incarnent à merveille Emma et Antoine, si hésitants, si maladroits, si sincères aussi...

    Les dialogues, tout comme les situations, sonnent juste.

    La mise en scène toute en sobriété et en efficacité met parfaitement en valeur ce qui se joue entre ces deux êtres jamais tout à fait raccord.

    Et jusqu'au bout, on est touchés...

    Un beau moment de théâtre pour cette pièce qui parle avec brio et modernité des tourments amoureux, des difficultés de s'apprivoiser et de faire le premier pas et qui, même si elle reprend les codes des comédies romantiques, sait se montrer originale.

    Bref, vous l'aurez compris: si vous êtes à la recherche d'une œuvre à la fois légère et profonde, n'hésitez pas à faire un détour au Funambule Montmartre.

    En bonus, je vous mets le lien vers Les cerf-volants, une chanson de Benjamin Biolay, qui sert, entre autres, de bande-son à Vous ne pouvez pas embrasser la mariée.


     

     

     

  • Mon Top jeunesse 2015

    Mon Top jeunesse 2015

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    Je reviens vers vous ce soir avec un billet autour de mon Top jeunesse 2015.

    Cette année écoulée a été l'occasion de faire de très très belles découvertes et de me plonger dans des ouvrages, qui je le sais déjà, m'accompagneront longtemps.

    Côté romans, voici les cinq titres qui s'imposent comme une évidence:

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    Quelqu'un qu'on aime de Séverine Vidal, Sarbacane:Parce que le coup de coeur s'est imposé dès les premières pages/ Parce que ce roman profondément humain m'a fait tour à tour pleurer et rire/Parce que je me suis attachée à tous ces personnages/ Parce que j'adore le concept de famille qu'on se crée/ Parce que leur tournée était décidément trop courte/ Parce que "Des falaises en sursis/Voilà ce que nous sommes"/Parce que la plume de Séverine Vidal véhicule tant d'émotions/Parce que Gary/Parce que....

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    Autre lecture forte: Lever de rideau sur Terezin de Christophe Lambert, Bayard : même si j'avais adoré aussi Swing à Berlin parcouru en janvier, j'ai finalement retenu ce titre très fort. Cette fois-ci, l'auteur nous amène dans le camp de concentration de Terezin, où son personnage principal, le dramaturge Victor Steiner, doit écrire une pièce de théâtre autour de Molière et de Louis XIV pour une visite de contrôle de la Croix Rouge. Réflexion sur la création/Sur l'art en temps de guerre/Sur la solidarité/Sur l'humanité qui peut fleurir même dans la plus extrême violence/Sur la nécessité de résister envers et contre tout/Le tout servi par une très belle plume.

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    Direction ensuite le New-York de la fin des années 40. Avec un dîner avec Cary Grant, le premier tome de Broadway Limited, à l'Ecole de Loisirs, Malika Ferdjoukh nous fait suivre le destin de six jeunes femmes et hommes à un croisement de leur vie. Six voix qui retentissent et qui nous parlent d'amour, d'amitié, de galères, de recherche du succès et de ce Broadway de l'après-guerre. Un roman doudou dans la veine de Quatre soeurs et qu'on quitte à regret.

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    Changement d'époque....Pour une virée sur les routes à bicyclette. Il m'aurait été difficile de ne pas inclure dans cette liste Les Petites Reines de Clémentine Beauvais, paru chez Sarbacane. De cette lecture printanière, je garde une sensation de rires. Que ce soit dans le métro....ou sur mon fameux canapé...je me suis souvent surprise à m'esclaffer. Même si j'ai été un peu déçue par la conclusion de cette odyssée, j'ai savouré les étapes du voyage et les dialogues qui faisaient toujours mouche.

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    Dernière escale, dans le Paris de 1912 au début des années 20: Là où tombent les anges de Charlotte Bousquet. Je l'ai entamé un soir de novembre et j'ai eu du mal à le lâcher. Malheureusement, je n'ai pas pris le temps d'en parler. Pourtant, j'ai été captée par ces destins de femme en temps de guerre, par leur vie à l'arrière, par leurs relations conjugales, par leur participation au bouillonnement artistique....Quel style incroyable! Et quel ambitieux ouvrage qui tient toutes ses promesses!

    Après les mots, place aux images avec ces cinq albums qui ont marqué mon année 2015.

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    -La Danseuse papillon d'Audrey Alwett, avec des illustrations de Luky, Soleil : Le destin d'un papillon trop attiré par la lumière de la scène et qui risque fort de s'y brûler. Un petit bijou de poésie et de sensibilité sur l'amour, sur la danse, sur le tourbillon de la vie...magnifié par Luky qui nous emporte dans un monde entre ombres et lumières.

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    -Le lion et l'oiseau de Marianne Dubuc, éditions La Pastèque: une magnifique histoire d'amitié entre un lion et un oiseau ou comment chacun a besoin de l'autre pour combler une solitude pesante. Les mots se font rares, les silences occupent l'espace...Pour mieux épouser les sentiments et retranscrire ce vide si lourd de sens qu'est parfois l'absence. Un album rare et qui touche la corde sensible de chacun. Un titre à conseiller et à partager sans modération.

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    -Le Peintre des drapeaux d'Alice Brière-Haquet, illustré par Olivier Philipponneau, Frimousse: un très bel ouvrage autour de l'artiste en temps de guerre. Des mots et des images sobres pour une histoire très forte qui fait réfléchir et qui nous émeut aux tréfonds de notre âme.

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    -Autrefois l'Olympe....mythe en haïkus d'Agnès Domergue, éditions Thierry Magnier: Sous forme de devinettes en haïkus, les grandes figures de la mythologie sont invoquées. Au lecteur de se montrer perspicace et de les retrouver. Un univers tout en délicatesse souligné par les images ciselées de Cécile Hudrisier.

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    -Le Voleur d'enfants de Michael Escoffier, illustré par Clément Lefèvre, éditions Chocolat jeunesse: dès les premières pages, on est happé dans un autre âge, un âge inquiétant où il ne semble pas bon d'être un enfant. En effet, un voleur vient les enlever...A la manière d'une ritournelle inquiétante, ce sinistre personnage nous fais frémir. Et si finalement, il ne fallait pas se fier aux apparences? Un très bon conte, aux allures sombres et angoissantes, qui a le don de surprendre le lecteur.

    Et vous, quels ont été vos coups de cœur jeunesse en 2015?

     

     

     

  • Dans le désordre de Marion Brunet

    Dans le désordre

    de

    Marion Brunet

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    "La rumeur est immense et fait vibrer Jeanne, comme un début de fièvre. Les frissons lui remontent le long du dos, griffent sa nuque. Quelque chose va se passer bientôt, quelque chose qui gronde et menace. Elle le sait, sûr et certain. Ça sent la rage et la sueur des énervés. Des filles frappent sur des rideaux en fer, en rythme, avec des morceaux de bois arrachés à une palissade: un tambour oppressant, le blam-blam-blam qui accélère lentement-une annonce. Le ciel s'est assombri, la nuit est proche, comme l'hiver."

    Dans le désordre d'une manifestation, Jeanne, Basile, Tonio, Marc, Lucie, Jules et Alison vont se rencontrer. Sept personnages aux destins bien différents qui vont décider d'emménager dans un squat et qui, au fil des mois, vont former une famille. De celle qu'on choisit et qui nous suit pour la vie.

    "Vivre en meute, avec les copains...Aucun d'entre eux n'a été préparé à cela: élevés dans le respect de la propriété, dans la peur des lois, dans l'idée de passer de seul à plusieurs c'est fonder une famille. Payer son loyer, travailler.  Et pourtant [...] ils n'attendaient que cela."

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    En décembre, je vous avais parlé d'un autre ouvrage de Marion Brunet, Dans la gueule du loup, qui m'avait fait passer un bon moment. Mais, déjà, je vous annonçais mon billet autour de ce livre qui m'avait tellement enthousiasmée.

    Quelques semaines après, je suis toujours K.O. Car Dans le désordre constitue un roman-uppercut. De ceux qui vous ébranlent. De ceux qui vous secouent. De ceux qui vous renversent sous le poids d'un trop plein d'émotions. De ceux qui vous accompagnent longtemps. De ceux qui vous révoltent.

    De révolte, il en est bien entendu beaucoup question. C'est dans la révolte que naissent les relations entre nos sept protagonistes. C'est la révolte qui leur sert de ferment de groupe. C'est la révolte qui les habite chaque jour, à des degrés plus ou moins élevés.

    Révolte contre les institutions/Révolte contre ce monde devenu fou.

    On assiste, page après page, à leurs combats quotidiens. On apprend beaucoup de choses sur ceux qui ont osé dire non (les événements au Chili en 1973). Et forcément, leur action questionne la nôtre.

    Cependant, cet ouvrage ne se résume pas seulement à cette dimension sociale et révolutionnaire. Je le définirai également comme une ode à la vie, dans toute sa beauté et sa cruauté.

    Cela tient sans doute à l'incroyable galerie de personnages que Marion Brunet a créée Il est parfois difficile de s'attacher aux protagonistes quand ils sont trop nombreux. Et là, l'auteur a su instaurer un équilibre entre chacune de leurs sept identités. On les voit tous évoluer avec intérêt, on rit avec eux, on se bat avec eux, on espère avec eux, on aime avec eux...

    Car Dans le désordre est aussi un immense cri d'amour.

    Un cri d'amour familial. Chacun a déjà ses propres mères, pères, frères, sœurs mais ils ne savent pas les apprécier comme il faut. Maladresse/décalage/pudeur/violence...Autant de raisons qui les poussent à aller planter leurs racines auprès d'autres. Qu'ils auront choisi. Et qui les feront se sentir bien. C'est beau d'assister à l'éclosion de ces liens entre nos sept. Jeanne/Basile/Tonio/Alison/Marc/Jules et Lucie: autant de branches sous lesquelles chercher refuge. Quand le monde va mal et vous malmène ou que, tout simplement, vous voulez fêter Noël.

    Et un cri d'amour tout court. Dans cette première manifestation, Jeanne et Basile se sont remarqués. Débute entre ces deux une valse-hésitation. Leur idylle donne lieu à des passages magnifiques sur la passion et le désir.

    Les pages se tournent toutes seules. Et au détour d'une ligne, Dans le désordre se métamorphose en grand roman du deuil. J'ai pleuré comme rarement car Marion Brunet sait parler avec beaucoup de retenue et de sensibilité de la perte. De l'absence. Du vide. Notamment lors d'une sorte de poésie païenne où le "tu" remplace le "il" ou "elle". Comme si elle voulait elle-même consoler ses êtres de papier.

    Devenus des êtres de chair, des personnes de notre entourage qu'on quitte à regret.

    Bref, vous l'aurez compris: Dans le désordre constitue un roman magnifique qui comptera forcément en 2016. J'espère que vous vous lancerez dans cette aventure livresque incroyable et que vous partagerez mon immense coup de cœur.

    Editions Sarbacane, collection Exprim', 2016, 251 pages

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